La plupart des antiviraux testés en méta-analyse, à savoir baloxavir et oseltamivir, mais aussi zanamivir, amantadine, rimantadine et laninamivir, ne sont pas associés à une réduction significative de la mortalité, des hospitalisations ou de la durée des symptômes lors de grippe non sévère survenant chez des adultes à bas ou haut risque (1). Le baloxavir, inhibiteur sélectif cap-dépendant de l’endonucléase, à la différence des autres antiviraux, notamment de l’oseltamivir inhibiteur de la neuraminidase, tend néanmoins à réduire les hospitalisations chez les sujets à haut risque (-1,6 [- 2,0 ; +0,4] %) et possiblement la durée des symptômes (-1,2 [-1,41 ; -0,63] jour). Ce qu’il faut pondérer par le fait que cet antiviral, génère davantage de résistances.
Une méta-analyse de 73 études randomisées relativement peu puissantes
Pour ce travail, les auteurs ont passé en revue les études randomisées publiées depuis 2023, comparant l’activité d’un antiviral anti-influenza d’action directe versus placebo, traitement conventionnel ou un autre antiviral, chez des patients ayant développé une grippe non sévère.
Après examen, 73 études randomisées, totalisant 34 332 patients, ont été retenues.
À noter : dans ces études sur la grippe non sévère, les évènements — mortalité, hospitalisations — sont souvent rares. La plupart sont donc peu puissantes, et en manquent donc peut-être pour mettre en évidence l’effet du traitement antiviral. Il n’est pas impossible non plus que la méta-analyse, malgré le cumul des patients, manque elle-même aussi de puissance.
Peu d’effet d’impact sur les décès, les hospitalisations…
La méta-analyse de tous ces antiviraux — sauf amantadine, non analysée par manque de données — ne montre pas d’effet significatif sur la mortalité et pas, ou bien peu, d’effet sur les hospitalisations pour les patients à bas risque : l’inefficacité est très probable.
Plus précisément, l’oseltamivir a peu ou pas d’effet sur les hospitalisations chez les patients à haut risque à -0,4 % (différence moyenne de -0,4 [-0,1 ; +0,4] % : inefficacité très probable). Tandis que le baloxavir tend — sans atteindre la significativité — à réduire les hospitalisations des patients à haut risque (différence moyenne : -1,6 [-2,0 ; +0,4] % : efficacité de faible probabilité). Tous les autres antiviraux n’ayant pas d’effet, ou une efficacité incertaine (efficacité très peu probable).
… ni même sur la durée des symptômes
La méta-analyse met en évidence que le baloxavir tend à réduire la durée des symptômes (différence moyenne : -1,02 [-1,41 ; -0,63] jour : efficacité modérément certaine). A contrario, elle ne met pas en évidence d’efficacité intéressante pour l’oseltamivir (différence moyenne : - 0,75 [-0,93 ; -0,57] jour : non-efficacité modérément certaine).
Effets secondaires et résistances : différences notables entre baloxavir et oseltamivir
Le traitement par baloxavir est globalement associé à moins d’effets secondaires (différence moyenne : - 3,2 [-5,2 ; -0,6] % : réduction hautement probable). Quand, de son côté l’oseltamivir est associé à une augmentation des effets secondaires (en moyenne +2,8 [+1,2 ; +4,8] % : augmentation modérément probable). Seul bémol, le baloxavir pourrait générer plus de résistances. Le traitement par baloxavir est en effet associé à 10 % de résistances. Ce qui signifie que le suivi des patients sous baloxavir pourrait être nécessaire.
État des recommandations et implications cliniques
Les recommandations, notamment du CDC et d’autres organismes, encouragent le traitement de la grippe par des antiviraux. « Il est donc étonnant que, même au sein d’études randomisées — situation optimale — le traitement en ville de la grippe par des antiviraux n’induise pas de différences pronostiques, ni même de la durée des symptômes », soulignent les éditorialistes (2).
Qu’en conclure en pratique clinique ? Pour les éditorialistes, « le traitement antiviral des patients à haut risque ainsi que pour leurs « contacts » vivant ensemble, le recours des antiviraux doit être recommandé sur la base du fait que cela pourrait aider. Quant aux patients sans facteur de risque, les antiviraux pourraient continuer à être prescrits sur la base de critères cliniques ».
« Mais, dans tous les cas, il faut rappeler que le traitement antiviral doit être prescrit et initié le plus rapidement possible. Et que leur prescription intervient souvent sans confirmation diagnostique (pas de test PCR) ni évaluation du rapport bénéfice risque individuel du patient », concluent-ils.
(1)Y Gao et al. Antiviral Medications for Treatment of Nonsevere InfluenzaA Systematic Review and Network Meta-Analysis JAMA Intern Med 2025 ; doi:10.1001/jamainternmed.2024.7193
(2) JD Baghdadiet al. The Limited Role for Antiviral Therapy in Influenza. JAMA Internal Medicine 2025 ; doi: 10.1001/jamainternmed.2024.7258
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