Jusqu'en 2009 et la pandémie de grippe A/H1N1, l'IMC n'était pas vraiment considéré comme un facteur de risque indépendant de complications grippales. Mais, lors de cette épidémie, une association entre obésité et sévérité de la maladie a été observée. Depuis, plusieurs études ont montré que l'obésité était associée à un excès de mortalité en période de pandémie. En revanche, très peu d'études se sont penchées sur les syndromes grippaux en général au-delà des infections strictement à influenza virus.
Une étude observationnelle prospective sur 4 ans
Une étude récente menée au Mexique chez des adultes et des enfants montre que, globalement, quel que soit le virus respiratoire impliqué dans ces syndromes grippaux, la maigreur et l'obésité en particulier morbide sont des facteurs de risque indépendants majorant la sévérité et le risque d'hospitalisation (1). En pratique clinique, devant un syndrome grippal, le poids du patient devrait donc à l'avenir être pris en compte lors de l'évaluation du risque et le choix de la prise en charge.
En 2010, des cohortes ont été mises en place dans cinq centres mexicains situés en milieu urbain dont deux centres pédiatriques. Les données ont été recueillies jusqu'en 2014. Tous les patients se présentant avec un syndrome grippal ont été inclus. Un écouvillon nasal systématique a été pratiqué pour rechercher les virus respiratoires impliqués et différencier les sujets porteurs d'un virus grippal A ou B ou d'un autre virus respiratoire (rhinovirus/enterovirus, coronavirus, virus respiratoire syncytial (VRS), parainfluenza virus et metapneumovirus). Au total, environ 5 000 patients dont un tiers d'enfants et adolescents et deux tiers d'adultes ont été recrutés. Le syndrome grippal était lié à un virus grippal A ou B dans 16 % des cas, à un autre virus grippal plus d'une fois sur deux (55 %) et non associé à un virus respiratoire dans près d'un tiers des cas. Parmi ces patients, 43 % présentaient une maladie sévère. Résultat, un tiers des adultes et deux tiers des enfants ont été hospitalisés.
Impact du poids sur les hospitalisations : une courbe en U
Chez les sujets porteurs de virus grippal, comparativement aux sujets de poids normal le risque d'hospitalisation est augmenté chez les patients :
- en sous poids (IMC < 18,5 kg/m2 ; RR = 5 [1,7-16]) ;
- obèses (IMC entre 30 et 35 kg/m2 : RR = 3,3 [1,7-5,9])
- et encore plus les super obèses (IMC > 35 kg/m2 ; RR = 18,4 [7,8-47]).
Si l'on distingue les souches virales grippales, il apparaît que chez les obèses le surrisque d'hospitalisation par rapport à un sujet de poids normal est encore six fois plus important s'il s'agit d'un virus H1N1 par rapport à un virus grippal H3N2 ou de type B. Le surrisque d'hospitalisation lors d'infection à virus H1N1 est alors multiplié par 9 chez les obèses et par 35 chez les super obèses.
Lors d'infection par les autres virus respiratoires, on retrouve aussi surrisque d'hospitalisation chez les sujets en sous poids (RR = 4 ; 1,7-9,45) et chez les super obèses (RR = 2,8 ; 1,7-4,6). L'impact de l'IMC, même s'il est moins prononcé, est donc présent dans les pseudos infections grippales comme dans les vraies infections grippales.
(1) Moser JA et al. Underweight, overweight, and obesity as independent risk factors for hospitalization in adults and children from influenza and other respiratory viruses. Influenza 2018; https://doi.org/10.1111/irv.12618
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