Pronostic de la BPCO

Faut-il diversifier les biomarqueurs ?

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Publié le 25/02/2019
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Crédit photo : Phanie

Dans la BPCO, la spirométrie est le marqueur de sévérité et de pronostic d'évolution le plus largement utilisé. Mais la maladie est hétérogène, et les marqueurs respiratoires ne rendent pas entièrement compte de l'atteinte systémique et de la diversité des trajectoires. Quand un tiers des décès sont d'origine cardiaque dans ce contexte, les marqueurs cardiovasculaires et/ou reflétant la faiblesse des muscles squelettiques ont-ils une valeur pronostique ?

Une méta-analyse (1) montre que plusieurs marqueurs non respiratoires sont associés à la survenue d'évènements cliniques, dans la BPCO. Ce travail s'est fondé sur une revue systématique d'études prospectives sur les relations entre des marqueurs cardiovasculaires ou musculosquelettiques et les évènements cliniques, survenant chez des patients porteurs de BPCO. Au total, 61 études ont été retenues dont deux larges cohortes (Eclipse, Bode).

De nombreux marqueurs à même de rendre compte de la maladie systémique ont été analysés. À savoir : la distance de marche en 6 minutes, la fréquence cardiaque au repos (FC), la contraction maximale du quadriceps, la pression d'inspiration nasale, l'onde de pouls et l'épaisseur média-intima. S'y ajoutent des marqueurs de l'inflammation : CRP, fibrinogène, numération leucocytaire, IL6, IL8 et TNF-alpha.

Les données sont très limitées pour certains de ces marqueurs. Les plus étudiés étaient la distance de marche en 6 minutes (56 %), la CRP (39 %), le fibrinogène (28 %), l'IL6 (25 %), l'IL8 (16 %), la numération leucocytaire (16 %), le TNF (11 %) et la FC (8 %). Les évènements cliniques retenus sont la mortalité toutes causes, les exacerbations et les hospitalisations liées à la BPCO.

Mortalité, risque d'exacerbation et d'hospitalisation

Le principal résultat de ce travail est que les patients ayant une BPCO stable ont un risque majoré de décès précoce à 6 mois quand ils présentent une faible distance de marche en 6 minutes (RR = 0,8 par 50 m) ou une élévation de la FC (RR = 1,10 par 10 bpm), de la CRP (RR = 1,2 pour un doublement), du fibrinogène (RR = 3 pour un doublement) ou de la numération leucocytaire (RR = 2 pour un doublement).

En revanche, seules une distance de marche réduite et une élévation du taux de fibrinogène ou de la CRP sont associées à un surrisque d'exacerbations.

Quant au risque d'hospitalisation, il augmente avec la réduction de la distance de marche et l'élévation de la FC, de la CRP et de l'IL6.

Enfin, pour ce qui est des mesures de la faiblesse musculaire, le nombre restreint d'études ne permet pas de conclure. Cette problématique musculosquelettique mériterait donc d'être plus étudiée, selon les auteurs.

Fermont JM et al. Biomarkers and clinical outcomes in COPD: a systematic review and meta-analysis. Thorax 2019; doi: 10.1136/thoraxjnl-2018-211855

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr