La désensibilisation par voie sublinguale connaît un développement rapide ces dernières années en allergie respiratoire, en raison de son efficacité désormais reconnue, de sa simplicité d’administration et de l’absence d’effets secondaires graves. Tout d’abord utilisée sous la forme de gouttes, elle se fait aujourd’hui, pour certains allergènes, sous forme de comprimés à dissolution sublinguale, qui représentent un progrès car ils permettent d’assurer une meilleure reproductibilité de la dose administrée à chaque prise et peuvent être délivrés directement en pharmacie sur prescription.
Le développement de la désensibilisation sublinguale s’est fait en plusieurs étapes. Elle a tout d’abord été utilisée dans le traitement préventif et curatif de la rhinite allergique, avec une efficacité démontrée chez les adultes et les enfants (à partir de 5 ans). Sous forme de comprimés, dans la rhinite allergique aux pollens de graminées, son efficacité s’exerce sur les symptômes et sur l’amélioration de la qualité de vie. L’effet thérapeutique à long terme est démontré sur trois ans et persiste au moins deux ans après l’arrêt du traitement.
Deux spécialités d’allergènes en comprimé ont ainsi obtenu leur Autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication. Au-delà du traitement symptomatique, l’autre intérêt est de réduire la consommation médicamenteuse.
La désensibilisation par voie sublinguale a ensuite été testée chez des patients allergiques aux acariens, des allergènes présents toute l’année et qui peuvent provoquer des crises d’asthme.
Contrôler la maladie
À ce jour, ont été publiées des études avec de bons niveaux de preuves et beaucoup de patients inclus. « Globalement, elles montrent une réduction des symptômes de l’asthme et une diminution du traitement de fond c’est-à-dire de la dose de corticoïdes inhalés de façon relativement importante chez des patients qui recevaient déjà une dose importante au début de l’étude : cette baisse significative est de l’ordre de 400-500 µg/jour dans cette catégorie de patients », indique le Pr Alain Didier (CHU de Toulouse).
Le deuxième enseignement de ces études est la preuve d’une bonne tolérance de cette méthode. « Il n’y a pas de risque de décompensation de l’asthme induit par le traitement, même si l’asthme n’est pas très bien stabilisé. Ce qui n’est pas le cas avec la voie injectable. Il n’y a pas eu d’induction de crise d’asthme grave ». Des études internationales plus récentes ont également montré une diminution de la fréquence des exacerbations. Avec une administration durant un an, on diminue de 30 % le nombre d’exacerbations. « Il s’agit là d’un tournant important qui permet de repositionner la désensibilisation dans la prise en charge de l’asthme. L’effet se manifeste dès la première année », souligne le Pr Alain Didier. Les effets secondaires sont essentiellement locaux à type de prurit ou d’inconfort buccal quelques minutes après la prise… Une AMM européenne est obtenue pour l’un des comprimés et la commercialisation en France est espérée courant 2017.
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