À la mi-janvier aux États-Unis, plus de 2 600 personnes avaient été hospitalisées pour atteinte pulmonaire grave en rapport avec les e-cigarettes. Parmi elles, 60 en sont mortes. L’analyse de ces cas met en évidence d’importants facteurs de risque de décès (1).
Le 7 janvier 2020, au total 2 558 patients avaient été hospitalisés sans décéder (cohorte) et 60 étaient morts. Une majorité sont des hommes dans les deux cas, soit respectivement 67 % de la cohorte et 53 % des morts. Fait notable, ce sont en majorité des blancs non hispaniques (80 % des décès, 61 % de la cohorte).
Premier point saillant : les morts étaient nettement plus âgés. Leur âge médian est de 51 ans (21-75 ans) versus 24 ans (13-85 ans) ; 73 % ont plus de 35 ans quand seulement 22 % de la cohorte hospitalisée a plus de 35 ans. Ils avaient aussi bien plus d’antécédents de maladie respiratoire, retrouvés chez 44 % des sujets décédés versus 26 % de la cohorte. Ils souffraient en particulier neuf fois souvent plus de BPCO (21 vs 2 %) et près de trois fois plus souvent d’asthme (23 vs 8 %). Des antécédents de maladies cardiovasculaires étaient aussi cinq fois plus présents (47 vs 10 %) chez les sujets décédés, en particulier l’HTA. Par ailleurs la moitié des morts étaient obèses (52 %) et près des deux tiers avaient un problème psychiatrique (65 vs 41 % dans la cohorte). Enfin, près d’un mort sur deux (46 %) avait initialement été pris en charge en milieu extra-hospitalier.
THC, nicotine et autres mécanismes : implications pratiques
« La plupart des vapoteurs décédés avaient utilisé des produits contenant du THC. A contrario, parmi ceux qui n’en sont pas morts, un tiers disait n’utiliser que des produits contenant de la nicotine et seulement un quart utilisaient à la fois nicotine et THC. D’autres mécanismes pourraient donc être impliqués », selon les auteurs. « Depuis 2012 au moins 30 cas de pathologie pulmonaire associée aux e-cigarettes, allant de la pneumonie organisée à la pneumopathie interstitielle, ont été décrits », rappellent les éditorialistes (2).
« Côté clinique, bien que la majorité de ces patients aient eu un diagnostic de syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA), ni les maladies pulmonaires chroniques ni les maladies cardiovasculaires ne sont des facteurs de risque connus de SDRA ou de décès par SDRA, commentent les éditorialistes. Donc soit c’est spécifique de ce syndrome d’atteintes pulmonaires graves (EVALI), soit c’est un facteur confondant lié au tabagisme, qui est quant à lui un facteur de risque reconnu de SDRA ».
« Le fait que bien plus des décès soient intervenus chez des patients vus d’abord en ville plutôt qu’à l’hôpital suggère que certains médecins n’avaient pas pris conscience de la nécessité d’une prise en charge plus avancée, souligne l’éditorial. Enfin, les survivants ont reçu plus souvent un traitement corticoïde. Bien que l’on manque de données pour en démontrer le bénéfice, ce point suggère qu’à l’avenir cette stratégie peut être payante. » Le CDC a d’ailleurs émis des recommandations précisant leur utilisation, réservée globalement à l’absence d’amélioration sous antibiotique et ventilation avec des posologies et durées à adapter au cas par cas.
(1) Werner AK et al . Hospitalizations and Deaths Associated with EVALI. NEJM 2020; 382:1589-98
(2) Stanbrook M and Drazen JM. Vaping-Induced Lung Disease — A Look Forward by Looking Back. N Engl J Med 2020;382:1649-50
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