LORSQUE les patients ont été admis à l’hôpital pour une maladie auto-immune, ils présentent un risque accru d’embolie pulmonaire (EP) au cours des 12 mois qui suivent.
De ce fait, il est nécessaire de mettre en place une prophylaxie chez ces patients. Par ailleurs, les maladies auto-immunes en général ne devraient plus être considérées seulement comme des affections à forte composante inflammatoire, mais aussi comme des troubles de la coagulation sanguine, caractérisés par un état marqué d’hypercoagulabilité. Telles sont les conclusions d’une publication de Bengt Zöller (Malmö, Suède) et coll.
33 maladies auto-immunes.
L’étude a consisté à analyser le suivi de 535 538 individus, hospitalisés en suède entre 1964 et 2008 pour l’une des 33 maladies auto-immunes répertoriées dans l’étude. Les trois maladies les plus fréquentes sont : la polyarthrite rhumatoïde, la thyroïdite d’Hashimoto et la maladie de Basedow. Celles qui suivent en fréquence sont le psoriasis, le rhumatisme articulaire aigu et la maladie de Crohn.
Le risque total d’EP au cours de la première année qui a suivi l’admission pour un trouble auto-immun est multiplié par six comparativement aux patients admis pour autre chose. Toutes ces 33 maladies auto-immunes sont associées à une augmentation significative du risque d’EP pendant un an. Il est similaire au risque global (multiplié par six) pour la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Basedow.
Certaines maladies sont assorties d’un risque particulièrement élevé d’EP. Il s’agit du purpura thrombocytopénique auto-immun (risque multiplié par 11), de la polyarthrite noueuse (risque multiplié par 13), de la polymyosite ou de la dermatomyosite (risque multiplié par 16).
On constate toutefois que le risque diminue globalement au cours de la première année qui suit l’admission à l’hôpital, durée pendant lequel il passe d’un facteur 6 à un facteur 1,5 au terme de 12 mois. À cinq ans le risque d’embolie pulmonaire reste un peu plus élevé (augmentation de 15 %) et à dix ans il n’est plus que de 4 % supérieur au risque des patients hospitalisés pour autre chose qu’une maladie auto-immune.
Les auteurs notent que l’augmentation des embolies pulmonaires concerne toutes les catégories d’âge et les deux sexes.
Le thromboembolisme veineux (comportant la thrombose veineuse profonde et l’embolie pulmonaire) est assorti d’un risque de mortalité de 15 % au cours des 3 mois qui suivent son diagnostic.
Différentes étiologies physiopathologiques.
L’augmentation de cette coagulabilité intraveineuse profonde associée à une inflammation peut avoir différentes étiologies physiopathologiques, en fonction du type de maladie auto-immune, argumentent les auteurs. Toutefois, sur un plan général, l’existence d’une thromboembolie peut être mise en relation avec une situation plus sévère de la maladie sous-jacente. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que les patients ont été admis à l’hôpital.
Une des raisons de l’hospitalisation peut être d’ailleurs une EP : « Nos résultats montrent que les maladies auto-immunes affectent le risque d’admission à l’hôpital pour embolie pulmonaire chez les hommes et les femmes de tous âges. »
La conduite à tenir générale serait de veiller à la prophylaxie de l’embolie pulmonaire chez les patients hospitalisés au cours d’une maladie auto-immune.
Jusqu’ici il y avait eu des observations éparses ou des petites études pour étayer cette association maladies auto-immunes-EP. La publication de Zöller et coll. représente la première grande étude réalisée sur une population importante, s’attachant à mesurer le risque d’EP lors des maladies auto-immunes.
Un éditorialiste note que les données recueillies par les Suédois sont solides, car les registres sur lesquels ils se sont appuyés contiennent des données exhaustives sur les résidents.
The Lancet, en ligne le 26 novembre 2011, doi : 10.1016/S0140-6736(11)61306-8
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024