Les infections par Streptococcus pneumoniae sont fréquentes, surtout aux âges extrêmes de la vie. La pneumopathie à pneumocoque est l’une des premières causes de décès chez l’enfant dans les pays en développement, et, dans les pays industrialisés, le pneumocoque constitue la première cause de méningites bactériennes chez l’enfant de moins de 1 an. Chez le nourrisson et le sujet âgé, la mortalité des infections à pneumocoque reste élevée. D’autres groupes à risque, tels que les drépanocytaires homozygotes, les personnes splénectomisées et celles souffrant d’une infection par le VIH, peuvent également développer des formes sévères et parfois mortelles de cette infection.
Lors d’un exposé sur les infections par S. pneumoniae présenté à l’ICAAC 2015, le Dr Keith Klugman, a rappelé que l’introduction de la vaccination anti-pneumococcique a permis une diminution drastique de la mortalité et de l’incidence des infections invasives à pneumocoques. Dans une étude réalisée en Afrique du Sud de 2005 à 2012, Gottberg et al. rapportaient une diminution de l’incidence globale des infections invasives à pneumocoque de 69 % chez les enfants de moins de 2 ans après l’introduction de la vaccination par un vaccin conjugué 7 valences (PCV7), et de 89 % pour celles causées par des sérotypes vaccinaux (1).
Une immunité transmise
Il était intéressant de constater que le bénéfice induit par la vaccination des enfants de moins de 2 ans ne se limitait pas à cette seule catégorie, puisqu’il était observé dans cette même étude une diminution de l’incidence des infections invasives à pneumocoque de 57 % dans la tranche d’âge des 25-44 ans sur la même période.
Ce bénéfice indirect d’une immunité transmise par la vaccination des enfants de moins de 2 ans aux autres tranches d’âge de la population avait déjà été décrit dans une étude publiée en 2010 et réalisée chez des enfants aux États-Unis en utilisant une vaccination par PCV7 (2). La diminution observée de l’incidence des infections invasives à pneumocoques dans le sous-groupe des personnes âgées de plus de 65 ans – à très fort risque pour ces infections – était de 37 % pour l’ensemble des sérotypes et de 92 % pour les infections dues aux sérotypes vaccinaux. L’augmentation de 23 % des infections liées aux sérotypes non vaccinaux restait modérée et ne contrebalançait pas le bénéfice induit par la vaccination.
Ce bénéfice secondaire peut s’expliquer par la diminution observée du portage nasopharyngé chez les enfants de moins de 2 ans après vaccination, celui-ci induisant probablement une diminution globale de la circulation des souches vaccinales dans la communauté, comme rapporté par Mbelle et al en 1999 (3). En population générale, l’introduction de la vaccination anti-pneumococcique chez les enfants de moins de 2 ans a donc permis une diminution globale de l’incidence des infections invasives et des pneumopathies à pneumocoques dans l’ensemble des classes d’âge, mais également une diminution de l’incidence des hospitalisations pour ces pathologies.
Une modélisation de l’effet de cette vaccination sur les hospitalisations pour des pneumopathies à pneumocoques aux États-Unis faisait état de plus de 750 000 hospitalisations évitées entre 2000 et 2006, uniquement grâce à la vaccination des enfants de moins de 2 ans (4).
Complications
D’autres bénéfices liés à la vaccination anti-pneumococcique ont également été rapportés, dont une diminution de la fréquence des pneumopathies compliquant les infections virales, avec notamment une diminution de 41 % des pneumopathies compliquant une grippe saisonnière et une diminution de 44 % des pneumopathies compliquant des infections par les virus para-influenza chez des enfants vaccinés par le PCV9 (5).
(1) Von Gottberg A et al. N Engl J Med 2014; 371(20): 1889-99.
(2) Pilishvili T et al. J Infect Dis 2010; 201(1): 32-41.
(3) Mbelle N et al. J Infect Dis 1999; 180(4): 1171-6.
(4) Simonsen L et al. MBio 2011; 2(1): e00309-10.
(5) Madhi SA et al. Nat Med 2004; 10(8): 811-3.
(6) Muhammad RD et al. Clin Infect Dis 2013; 56(5): e59-67.
(7) Calendrier vaccinal français http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Calendrier_vaccinal_2015.pdf
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