Quand doit-on hospitaliser un nourrisson qui présente une bronchiolite ? Avant six mois, une réduction de 50 % de la prise alimentaire habituelle au cours des 24 heures précédentes représente un indice clinique précieux.
La quantité alimentaire ingérée au cours des dernières 24 heures est une mesure relativement facile et précise, quand elle est prise au biberon (graduations), et même lorsque l’enfant utilise partiellement sa cuillère.
L’étude menée par le groupe de pédiatres libéraux de l’association ACTIV montre que « si l’enfant prend au moins 50 % de ce qu’il consomme habituellement, la probabilité qu‘il ne soit pas en hypoxie est de 96 % (IC 91-99 %) », explique le Dr François Corrard, président de ACTIV. En pratique, cette appréciation facile à obtenir de la part des parents, permet un premier tri et un suivi à distance. On peut dire à la famille de surveiller le bébé et, « si votre enfant prend moins de 50 %, il doit être revu en consultation. »
En effet, si l’enfant prend moins de 50 % de sa part habituelle, le médecin doit être alerté. Il peut être amené à demander une hospitalisation et se fonde alors sur l’évaluation des autres signes cliniques, (tirage, bruits pulmonaires, fréquence respiratoire, pauses et apnées, altération de l’expression et du comportement de l’enfant, troubles digestifs, fièvre, contexte familial).
La gravité de la bronchiolite est difficile à évaluer en pratique clinique avant l’âge de six mois. Après 6 mois la question ne se pose plus avec autant d’acuité, les muscles intercostaux et le diamètre des bronchioles étant suffisamment développés pour permettre à l’enfant de s’en sortir plus facilement. Avant six mois, les signes recherchés sont d’expressions variables. Ainsi, le tirage et la polypnée sont des signes d’évaluation délicate, car ils peuvent varier dans un court laps de temps (30 minutes). L’appréciation de la saturation en oxygène chez le tout petit est difficile. Les appareils à pince utilisés chez les adultes ne sont pas adaptés aux nourrissons. Les jeunes nourrissons ont besoin de capteurs spécifiques. Ces capteurs sont fragiles, coûteux, difficiles à désinfecter correctement. La mesure peut nécessiter plusieurs tentatives chez un enfant qui ne pleure pas. De plus, la mesure de la saturation à un moment donné, ne préjuge pas de l’évolution ultérieure de la maladie.
François Corrard et son groupe ont réalisé cette étude de la valeur prédictive de la prise alimentaire pendant les 24 heures précédentes la consultation. Dans leur étude observationnelle multicentrique, ont été inclus 171 nourrissons de 0 à 6 mois présentant une bronchiolite, suivis par 18 pédiatres libéraux de la région parisienne.
La quantité alimentaire prise pendant 24 heures par l’enfant a été recueillie, et ce paramètre a été comparé aux autres signes cliniques de la maladie : tirage sus-sternal, sous-costal, intercostal, cornage des ailes du nez, rythme respiratoire, pauses respiratoires, accès de cyanose, température et saturation en oxygène.
Les résultats montrent que le seuil de 50 % de la prise alimentaire comporte l’association la plus forte avec l’hypoxémie (Odds ratio 13,8). La difficulté à se nourrir pour le nourrisson peut se rapprocher de sa difficulté à respirer, dans ce contexte difficile d’efforts musculaires pour vaincre l’obstruction bronchio-alvéolaire.
Les pédiatres en concluent que la mesure de la prise alimentaire pendant les 24 heures précédentes peut représenter un élément important pour identifier une hypoxie. Et que cette mesure mérite de plus amples études. Les recommandations pour la prise en charge de la bronchiolite datent de 2001. Ce paramètre pourrait faire partie des recommandations actualisées.
Dr BÉATRICE VUAILLE
Article rédigé avec l’aide du Dr François Corrard.
Publication dans BMC Pediatrics, en accès libre en anglais et en français sur : http://www.biomedcentral.com/1471-2431/13/6/abstract
Association ACTIV de pédiatres libéraux : http://activ-france.com/
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