« La crise du Covid a été longue et difficile à gérer pour les services de pneumologie. Mais il est temps de se remettre en marche et de reparler de l’importance de toutes les pathologies respiratoires. S’il y a un message à délivrer aux décideurs, c’est le fait que l’an I du post-Covid devrait être l’année du droit pour tout le monde de respirer », explique le Pr Antoine Magnan, chef de service de pneumologie de l’hôpital Foch qui a été nommé en janvier président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). « Pendant deux ans, j’étais déjà vice-président. Mes deux ans de mandat vont donc s’inscrire dans une certaine continuité », précise-t-il.
Impossible d’aborder cette nouvelle fonction sans parler de l’impact de la crise sur les services de pneumologie qui, pendant deux ans, ont été constamment en première ligne. « Il y a beaucoup de fatigue et d’épuisement parmi les équipes qui ont vraiment vécu de plein fouet la réalité la plus sombre du Covid », souligne le Pr Magnan en insistant toutefois sur la nécessité de tourner la page. « Nos services continuent d’accueillir des patients qui, pour certains, payent toujours un lourd tribut au Sars-CoV-2. Je pense en particulier aux immunodéprimés, dont on parle relativement peu », constate le Pr Magnan.
Le nouveau président de la SPLF souhaite aussi évoquer certains effets collatéraux positifs de cette crise sanitaire inédite. « Cela a permis de mettre en lumière toute l’importance du rôle joué par les poumons mais aussi leur fragilité, leur vulnérabilité. À l’occasion de cette crise, les patients ont changé. C’est frappant lors de nos consultations. Il y a deux ans quand un patient venait pour une suspicion d’insuffisance respiratoire, on faisait bien sûr une mesure de la saturation. Le patient nous demandait alors si le résultat nous convenait mais sans plus. Aujourd’hui, quand on mesure la saturation, le patient ne regarde plus le médecin mais le cadran du saturomètre et il sait qu’il ne faut pas être en dessous de 95 % pour être certain que l’oxygène circule bien dans le sang. Il y a eu une forme d’empouvoirement des malades, qui se sentent vraiment concernés par leur santé respiratoire », se félicite le Pr Magnan.
Maintenir le collectif
Selon le président de la SPLF, il faut profiter de cet effet pour relancer l’information et la sensibilisation sur l’ensemble des maladies respiratoires. « Il devrait être plus facile de communiquer sur ces pathologies, car le Covid a montré que la respiration est une valeur aussi importante que le battement du cœur. Dans cette phase du post-Covid, la société savante va donc s’efforcer par exemple de parler de la BPCO, en rappelant que cette pathologie représentera la troisième cause de mortalité en 2030. Nous allons aussi dire et répéter que le cancer du poumon reste le plus grave mais aussi le plus fréquent après le cancer du sein et celui de la prostate », souligne le Pr Magnan, en se félicitant de l’écho rencontré par les États généraux de la santé respiratoire organisé sous l’impulsion de la Pr Chantal Raherison-Semjen, alors à la tête de la SPLF [lire aussi p. XX].
Un événement qui a permis de rappeler que près de 10 millions de Français sont touchés par une maladie chronique des voies respiratoires. « Dans un contexte de réchauffement climatique, combiné aux enjeux liés aux pesticides sur la santé respiratoire qu’il convient de réévaluer périodiquement, ainsi qu’à l’émergence de maladies infectieuses respiratoires ou vectorielles, il y a urgence à se mobiliser collectivement ! », soulignait alors la SPLF en réclamant la création d’un « Observatoire citoyen et national des maladies respiratoires ». Avec, comme première mission « d’évaluer l’action publique et privée sur tous les territoires de la République, et dans toutes les dimensions de la Santé Respiratoire, sur la base de données officielles et transparentes ».
Ces États généraux ont été organisés en compagnie de 24 organisations de patients, d’usagers et de professionnels de santé impliqués dans le domaine du respiratoire. « Nous allons garder le collectif créé à cette occasion pour maintenir la pression sur nos décideurs », annonce le Pr Magnan.
Exergue : « Les patients ont changé, ils se sentent vraiment concernés par leur santé respiratoire »
Entretien avec le Pr Antoine Magnan, hôpital Foch (Paris), président de la Société de pneumologie de langue française
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