PAR LE Pr REGIS HANKARD*
LA RECHERCHE contribue directement à la qualité des soins. Elle n’est pas l’apanage d’élites médicales comme beaucoup le pensent, souvent par méconnaissance. Il suffit d’interroger les parents d’enfants atteints de maladies rares, ou de maux quotidiens, qui souhaitent avoir accès aux derniers progrès thérapeutiques au plus proche de chez eux ou contribuer à mieux comprendre la maladie qui touche leur enfant. Elle peut être clinique (réalisée chez l’homme pour mieux connaître les maladies et leurs traitements), fondamentale (sur les cellules, les gènes explorant les mécanismes impliqués dans les maladies et de nouveaux traitements) ou expérimentale (sur des modèles animaux qui aident à mieux comprendre les maladies humaines). Elle dynamise les disciplines médicales et contribue à mieux appréhender la médecine de demain. La formation des jeunes médecins est donc centrale au cours de la formation initiale des médecins et par la suite.
La Société française de pédiatrie (SFP) a fait une priorité de la formation « par et à la recherche » auprès des pédiatres en formation (1). Il s’agit d’un investissement pour la pédiatrie de demain. Chaque année, la SFP propose un nombre croissant de prix destinés à financer une année de formation le plus souvent pour un master 2, mais aussi des thèses d’université ou des stages post-doctoraux. Cela est rendu possible par un engagement fort de la SFP, des sociétés de spécialité qui la composent et de nos sponsors (Evian, Guigoz, Nestlé, Novalac, Nutricia-Advanced Medical Nutrition, Pampers et ceux qui nous rejoindront demain). Cela représente un total de 270 000 euros répartis en dix-huit prix en 2013 (225 000 euros pour quinze prix en 2012). En 2012, vingt-deux des quatre-vingts dossiers soumis à la SFP (trente-cinq de Paris et quarante-sept de région) ont obtenu un financement pour une année recherche (dix-neuf masters 2 et trois autres) de la part de la SFP ou d’un autre organisme. Cela représente environ 10 % d’une promotion des DES de pédiatrie toutes régions confondues.
La recherche est, bien entendu, présente lors du congrès annuel de la SFP avec des sessions spécifiques, notamment celle du comité d’interface INSERM Pédiatrie et de la Société française pour la recherche en pédiatrie. En 2013, à Clermont Ferrand, seront abordés en trois sessions d’une heure et demi avec une optique « recherche » : les innovations en imagerie ; l’impact des chimiothérapies sur la fertilité et les réseaux de recherche clinique. S’y ajoute deux sessions de communication orales spécifiquement recherche et la présentation des résultats des travaux de candidats lauréats de prix SFP.
Enfin, nous avons récemment publié la méthode d’évaluation des travaux soumis pour communications à la SFP avec comme objectif d’accroître le niveau scientifique des communications, sans toutefois oublier le partage d’expérience pratique autour de communications affichées (2).
Une discipline transversale d’âge.
Il est difficile de dresser un instantané de la recherche qui concerne l’enfant ou le développement car elle « émarge » dans d’autres disciplines d’organes (neurologie, pneumologie, etc.). Depuis 2011, le comité d’interface INSERM Pédiatrie a établi un annuaire des équipes de recherche qui accueillent des jeunes pédiatres en formation (3). Cette liste n’est pas exhaustive et recense cent quinze équipes labellisées (INSERM, Univ., CNRS, autres) en France métropolitaine (figure). Les thématiques les plus représentées sont le développement (dix-neuf équipes), la recherche clinique (seize centres d’investigation clinique INSERM organisés en réseau [4]), nutrition et métabolisme (treize équipes), la génétique, la néphrologie, la pneumologie et la neurologie chacune avec sept ou huit équipes.
Une journée de formation à la recherche est proposée chaque année par le Collège des enseignants de pédiatrie. Cet enseignement, qui est mené par des experts et des plus jeunes qui viennent retranscrire auprès de leurs collègues leur expérience, est depuis les dernières années filmé de façon à être retransmis dans les inter-régions qui le souhaitent ; il renforce les modules recherche que certaines ont mis en place.
Il est difficile à ce jour de dresser un bilan de la contribution de la pédiatrie à la production médicale et scientifique. D’après le système d’interrogation, de gestion et d’analyse des publications scientifiques (SIGAPS), développé au CHU de Lille, la pédiatrie représente 7 à 10 % de la totalité des publications recensées en incluant les soixante sections disciplinaires. Cela représentait 1257 articles en 2010, dont 40 % étaient publiés dans les meilleurs journaux de la spécialité (communication personnelle Dr P. Devos, SIGAPS). Différentes approches bibliométriques sont en cours pour améliorer cet instantané.
* Président du comité scientifique de la Société française de pédiatrie
(1) http://www.sfpediatrie.com.
(2) Hankard R, Giraudeau B, Dubus JC, Tounian P, Sarles J, Chabrol B, Chantepie A. Comment sont évalués les résumés soumis à la Société française de pédiatrie (SFP) ? Arch Pediatr 2011;18:1257-60.
(3) http://www.comites-d-interface.inserm.fr/cint/comites/pediatrie
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