Par le Pr Marc Nicolino *
LES ÉTUDES ouvertes montrent que, dans les conditions de vie réelle, l’usage de la pompe est sûr et efficace quel que soit l’âge de l’enfant (1). Ce traitement est bien adapté à la variabilité glycémique qui est fréquemment observée, non seulement chez le petit enfant (en rapport avec les fluctuations de l’activité physique et de l’apport alimentaire notamment), mais aussi chez le jeune adolescent qui a souvent tendance à transgresser les règles du traitement. Selon les recommandations de bonnes pratiques cliniques en diabétologie pédiatrique, l’utilisation de la pompe à insuline est à proposer plus particulièrement chez le nouveau-né et le nourrisson, mais aussi en cas de cétoses répétées, ou chez le sportif de haut niveau (2). Les avantages et les inconvénients du système permettent également de préciser les indications en fonction du profil du patient (voir tableau).
En pratique, la dose moyenne d’insuline est de l’ordre de 0,8 U/kg/j avec un nombre moyen de quatre bolus préprandiaux quotidiens. L’administration d’insuline au moment des repas représente seulement 40 à 50 % de la dose journalière et le taux d’HbA1c est en général inversement corrélé au nombre de bolus. Ces derniers peuvent être assez souvent « sautés » de façon plus ou moins volontaire (oubli, appréhension des hypoglycémies, attitude de déni) chez le sujet jeune.
Du fait des faibles quantités administrées, l’insuline présente dans la pompe pendant de trop longues périodes peut représenter un problème de stabilité. Cependant, le changement systématique de réservoir, surtout en cas de température ambiante élevée, (mais aussi la possibilité de ne plus effectuer des dilutions dont l’équilibre est aléatoire grâce à certaines pompes qui autorisent des incréments de dose d’insuline très faibles) permet d’éviter ces écueils.
Une amélioration de la qualité de vie.
En termes de résultats, même si on ne dispose que de très peu de données obtenues à partir d’études randomisées portant sur un grand nombre de patients pédiatriques, la pompe semble plus efficace que le schéma à multi-injections pour obtenir un meilleur équilibre métabolique avec un risque non augmenté d’hypoglycémie, plus particulièrement chez les jeunes enfants (3).
Les études pédiatriques de traitement par pompe, associée ou pas à une mesure en continu de la glycémie, tendent à montrer une diminution significative du taux d’HbA1c dans le groupe qui porte le capteur de glucose (4). Ce résultat est toutefois très dépendant de la fréquence du port du capteur, ce point représente un obstacle manifeste chez l’enfant qui souhaite généralement se dégager des contraintes du traitement.
L’amélioration de la qualité de vie est reflétée par le fait que la majorité des patients choisissent de garder leur pompe quels que soient les résultats sur le plan de l’équilibre métabolique. Dans tous les cas, la motivation de l’enfant et de son entourage constitue le facteur principal d’efficacité et de fiabilité de ce mode d’insulinothérapie en pédiatrie.
* Chef du service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme pédiatriques, hôpital Mère-Enfant de Lyon. Groupement hospitalier Est.
(1) Danne T, Battelino T, Jarosz-Chobot P, et coll. Establishing glycaemic control with continuous subcutaneous insulin infusion in children and adolescents with type 1 diabetes: experience from the PedPump Study in 17 countries. Diabetologia 2008;51:1594-601.
(2) ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2009 Compendium. Insulin treatment in children and adolescents with diabetes. Pediatric Diabetes 2009:10 (Suppl. 12): 82–99.
(3) Sulmont V, Souchon PF, Gouillard-Darnaud C, et coll. Metabolic control in children with diabetes mellitus who are younger than 6 years at diagnosis: continuous subcutaneous insulin infusion as a first line treatment? J of Pediatrics 2010;157:103-7.
(4) Raccah D, Sulmont V, Reznik Y, et coll. Incremental value of continuous glucose monitoring when starting pump therapy in patients with poorly controlled type 1 diabetes: The RealTrend study. Diabetes Care 2009;32:2245-50.
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