SI L’ON CONSIDÈRE qu’il existe avec l’augmentation de la glycémie un continuum de gravité, de l’obésité isolée à l’obésité associée à un diabète, le statut de fœtus de mère obèse peut être assimilé à celui d’un enfant de mère diabétique. L’hyperglycémie maternelle est à l’origine d’un hyperinsulinisme fœtal, source de glycogénogenèse et lipogenèse excessives. Ainsi, si la glycémie maternelle est dans le quartile supérieur au test d’HGPO pendant la grossesse, le risque d’obésité de l’enfant à 5-7 ans est significativement augmenté. Par ailleurs, les nombreux médiateurs (adipokines, leptine, etc.) que sécrète le tissu adipeux interagissent avec les mécanismes hormonaux qui influencent la croissance cellulaire, la sensibilité à l’insuline, la régulation de l’appétit et de la balance énergétique… Enfin, l’obésité, programmation fœtale aidant, pourrait avoir des conséquences délétères pour l’enfant à naître au-delà de la période périnatale. Et cela, indépendamment du mode de vie après la naissance.
Des risques pour la mère.
Lorsqu’une grossesse est menée à son terme (ce qui n’est pas toujours le cas, en raison du risque accru d’infertilité ou de fausse-couche spontanée notamment), le risque de pré-éclampsie double toutes les 6 unités d’IMC superflues. Le RR de diabète gestationnel augmente aussi avec l’IMC, de 3,56 chez une patiente obèse, à 8,56 pour une femme dont l’obésité est sévère. Un déclenchement du travail et une césarienne sont plus souvent nécessaires.
Le nouveau-né.
Anomalies de fermeture du tube neural, malformations cardio-vasculaires, fentes labiopalatines, hydrocéphalie, etc., toutes ces malformations congénitales sont associées à l’obésité maternelle, chaque unité d’IMC au-delà de 25 augmentant le risque de 7 %.
Le poids de naissance est plus souvent excessif. En revanche, l’allaitement maternel (quand il est possible, les mères obèses ayant plus de difficultés à allaiter) a un effet protecteur qui réduit le risque de développement d’une obésité ultérieure de 4 % par mois d’allaitement supplémentaire, sans doute en raison d’une cinétique de croissance plus lente au sein.
Et l’enfant, futur adulte ?
L’obésité dans l’enfance est corrélée à l’IMC maternel (plus qu’à l’IMC paternel). Une association certes déterminée par les conditions de vie post-natales, mais pas uniquement. L’effet de la prise pondérale au cours du 3e trimestre de grossesse et des premières semaines post-natales sur la composition corporelle (excès de masse grasse en particulier) du nourrisson étaye le rôle de l’environnement fœtal. L’excès pondéral dans la petite enfance persiste ensuite à l’âge scolaire ; il est de plus prédictif d’une obésité adulte.
Le risque de syndrome métabolique au cours de l’enfance est doublé en cas d’obésité maternelle pendant la grossesse et si le poids de naissance est excessif. Les garçons issus de mères obèses développent davantage une insulino-résistance, puis un diabète de type 2.
Une perte substantielle de poids (seule obtenue avec la chirurgie bariatrique), très en amont de la grossesse, permettrait de réduire le risque d’obésité dans la descendance, ainsi que d’améliorer les paramètres cardiovasculaires et métaboliques.
* D’après la communication « Le nouveau-né de mère obèse » du Pr Gilles Cambonie, pédiatrie néonatale et réanimations, Hôpital Arnaud de Villeneuve à Montpellier.
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