Des brûlures chimiques de la cornée

Les dosettes de lessive, un danger pour les tout-petits

Publié le 08/03/2010
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Crédit photo : PHANIE

C’EST UNE MISE en garde contre un nouveau risque pour les enfants que formulent des ophtalmologistes londoniens. Ils ont constaté une incidence en forte hausse des brûlures cornéennes par giclées de lessive liquide à partir de dosettes. Depuis 2001, les industriels privilégient ce type de conditionnement en capsules molles et Rashmi G. Mathew et coll rapportent, pour 2009, leur implication dans 40 % des lésions chimiques oculaires chez les enfants de moins de 5 ans.

Dans le « BMJ », ils publient une série de 13 cas reçus dans leur service. Les enfants avaient de 14 à 34 mois (23,9 en moyenne). Chez 12 d’entre eux les brûlures cornéennes ont guéri sans séquelles. En revanche, le dernier qui n’avait pas bénéficié de lavage oculaire immédiat a conservé des lésions de l’épithélium cornéen.

Une solution alcaline.

Comment les lessives peuvent-elles être aussi dangereuses ? En fait, le conditionnement de la capsule ne constituerait pas une barrière solide. Il s’agit d’une membrane souple en polyvinyle soluble dans l’eau. Le détergent de son côté est constitué de trois principes actifs : un détergent anionique (20-30 %), un détergent non-ionique et un surfactant cationique. Le tout est dilué dans de l’eau pour constituer une solution alcaline. Or les produits alcalins sont les plus nocifs pour la cornée, ce qui rend, selon les auteurs, les dosettes bien plus dangereuses qu’il n’y paraît. Les brûlures alcalines créent des dommages irréversibles de la chambre antérieure de l’œil avec des conséquences définitives. Des lésions de l’épithélium cornéen non traitées ou des cicatrices sous-épithéliales peuvent conduire un enfant à l’amblyopie.

D’ores et déjà, certains industriels ont apposé des mises en garde plus visibles sur leurs emballages. Mais R. Mathew et coll jugent nécessaire une information plus importante du public. Outre l’information du risque elle pourrait conseiller de mettre ces lessives hors de portée des enfants et insister sur l’apport fondamental du lavage oculaire le plus précocement possible.

BMJ 2010;340:c1186.

Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8723