Pour Hélène Chantereau, diététicienne et nutritionniste à l’Hôpital pédiatrique Armand Trousseau (APHP), cela ne fait aucun doute : « Le médecin généraliste a un rôle fondamental dans la prise en charge des enfants en surpoids de par sa proximité avec les familles et sa capacité à effectuer un suivi régulier dans le temps », à la différence de l’hôpital où « les consultations sont plus éloignées entre elles et concernent des patients qui présentent le plus souvent des obésités sévères. »
En matière de dépistage, H. Chantereau rappelle qu « il est important de garder un œil sur l’évolution des courbes de croissance, surtout quand apparaît un rebond d’adiposité précoce (avant 6 ans) qui est prédictif d’un risque d’obésité ». Par ailleurs, si elle conseille évidemment aux généralistes de suivre les courbes d’IMC de l’enfant, elle les enjoint également à apprécier la corpulence des parents et surtout de connaître leur ressenti et leur positionnement concernant ces questions du poids.
Sensibiliser sans brutaliser
En cas de sortie des courbes et dans le but de « ne pas créer de résistance et d’éviter de rompre l’alliance thérapeutique, le médecin généraliste doit tracer les courbes avec les parents et l’enfant et leur demander ce qu’ils en pensent », explique H. Chantereau qui rappelle qu « il n’y a pas d’urgence en matière d’obésité » et que la meilleure approche demeure celle qui consiste à « sensibiliser les parents sans pour autant les brutaliser ».
Dans la majorité des cas, « le généraliste est tout à fait à même de dispenser des conseils pertinents et n’a pas besoin d’adresser l’enfant à un spécialiste de la diététique qui doit demeurer une solution de dernier recours », précise-t-elle. Pour ce faire, il existe des mesures simples à mettre en place dès le début qui passent par « le respect des rythmes alimentaires et la limitation de l’offre à la maison ». Pour H. Chantereau, « la plus grande des erreurs est d’avoir une attitude spécifique à l’enfant qui des problèmes de poids alors que les mesures doivent s’appliquer à toute la famille ».
Ne pas rester isolé
Concernant l’obésité en tant que telle, H. Chantereau rappelle qu’il s’agit « d’une maladie quantitative et pas qualitative ». Du coup, il est inutile, voire contre-productif, de « diaboliser certains aliments qui donnent encore plus envie à l’enfant de les manger ». En clair, « cela ne sert à rien de manger une pomme si l’on a envie d’un carré de chocolat ». D’ailleurs, rappelle-t-elle, « les enfants obèses ont constamment faim et ne sont généralement pas intéressés par les barres chocolatées et le grignotage mais recherchent avant tout des aliments qui puissent les mener à la satiété ». Ce que ne doit enfin pas oublier le généraliste est que « l’objectif en pédiatrie n’est pas de faire maigrir, mais de stabiliser ».
H. Chantereau reconnaît que « ce type de consultation en médecine générale prend énormément de temps et s’avère souvent très frustrante pour le médecin qui s’essouffle à répéter les mêmes conseils nutritionnels et d’activité physique sans pour autant les voir porter leurs fruits ». Pour les aider, H. Chantereau met en avant le réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (Repop) qui permet notamment de faire le lien avec des spécialistes de cette pathologie et d’éviter au généraliste de sentir trop isolé sur ce terrain.
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