La société de colposcopie se réjouit des premiers résultats de la vaccination HPV au collège

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Publié le 17/06/2024

À l'occasion de « Juin vert », mois de sensibilisation à la prévention du cancer du col de l'utérus, la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) fait le point sur la campagne de vaccination lancée cette année au collège pour les élèves de 5e.

Crédit photo : Phanie

En France, plus de la moitié des jeunes filles ont reçu au moins une dose du vaccin anti-HPV à 12 ans, et 41 % des garçons. C'est ce que révèlent les dernières données de Santé publique France, mises à jour le 31 décembre dernier. Des résultats que l'on doit notamment au succès de la campagne de vaccination systématique des élèves de 5e qui s'est déroulée pour la première fois d’octobre à décembre dernier.

« Même si l'on n'a pas encore atteint l'objectif vaccinal - 60 % de la population cible vaccinée contre les papillomavirus en 2023 et 80 % en 2030 - il s'agit d'une nette amélioration. En septembre dernier - peu avant le début de la campagne de vaccination - seulement 38 % des jeunes filles et 26 % des adolescents de 12 ans avaient bénéficié d'au moins une dose », souligne le Pr Geoffroy Canlorbe, gynécologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et secrétaire général de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV).

Les résultats de cette première campagne vaccinale sont également significatifs si l'on considère la vaccination plus tardive, à 15 ans (une dose) et à 16 ans (deux doses). « Entre 2022 et 2023, toutes régions confondues sur la France entière, concernant les garçons, nous avons gagné 13 points de couverture vaccinale à 15 ans et 7 points à 16 ans. La vaccination au collège a non seulement permis d'améliorer le taux de vaccination, mais aussi, de mieux communiquer auprès des jeunes et de leurs parents sur ce sujet », note le Pr Canlorbe.

Sensibiliser davantage les parents et les collégiens

Pour rappel, la campagne de vaccination des élèves de 5e a été décidée en France par le gouvernement à la suite des mauvais résultats nationaux. « Il y a un an, en Europe, un grand nombre de pays européens bénéficiaient déjà d'une couverture vaccinale contre les virus HPV de plus de 70 %. C'était notamment le cas du Portugal, de la Belgique, de Malte, de l'Islande ou de la Suède », précise le Pr Canlorbe. En 2018-2019, la France était classée 27e sur 30 pays, juste avant le Kazakhstan, l'Arménie et la Bulgarie.

Malgré les bons résultats de cette première campagne vaccinale, les pistes d'amélioration ne manquent pas. Une enquête (intitulée VacciCol) est en cours pour obtenir l'avis de 20 000 parents d'élèves sur ce sujet. « Il faudrait organiser des réunions d'information en 6e pour les parents et les collégiens, mettre en place des vidéos pilotes pédagogiques, informer davantage les professionnels de santé au sujet de cette campagne », affirme le Pr Canlorbe.

L'intérêt d'une vaccination précoce

Depuis 2015, le vaccin Gardasil nonavalent remplace les anciens qui ne comportaient que deux valences (Cervarix) et quatre (Gardasil quadrivalent). Les données récentes de la littérature montrent que la vaccination HPV permet notamment d’éviter les cas de cancers du col de l’utérus, en particulier chez les femmes les plus à risque : celles ayant un niveau socio-économique modeste et qui échappent habituellement au dépistage.

« Ce vaccin prévient près de 97 % des lésions cervicales liées à ce virus et les effets secondaires sont mineurs. Une étude comparative menée en France auprès de 840 000 jeunes filles vaccinées et 2 millions non vaccinées montre qu'il n'y a pas davantage de maladies auto-immunes chez celles qui ont reçu le vaccin », rappelle le Dr Jean-Luc Mergui, gynécologue-obstétricien à Paris, ex-président de la SFCPCV. Enfin, des études menées au Royaume-Uni montrent que plus les jeunes filles en bénéficient de façon précoce (dès 12 ans), plus elles sont protégées contre les virus HPV. « De fait, les adolescentes plus âgées risquent d'avoir déjà été mises en contact avec ces virus et surtout, leur réaction immunitaire est plus faible », ajoute le spécialiste.


Source : lequotidiendumedecin.fr