Utilisée pour corriger une situation de dysbiose, la transplantation de microbiote fécal (TMF) consiste en l’introduction d’un filtrat fécal, provenant d’un donneur sain, dans l’intestin d’un receveur malade afin de rééquilibrer son microbiote intestinal. Cette pratique existe depuis très longtemps, notamment dans la médecine chinoise afin de traiter la diarrhée et en médecine vétérinaire.
Plus récemment, de nombreuses publications ont rapporté l’efficacité de la TMF pour le traitement de l’infection à Clostridium difficile récidivante. C’est en 2013 que Van Nood publie la première étude randomisée contrôlée comparant l’efficacité de la TMF à la vancomycine dans cette indication, avec un succès dans plus de 90 % des cas, ce qui a conduit à un arrêt prématuré de l’étude (1). Son efficacité reconnue, la TMF a été officiellement intégrée dans les dernières recommandations européennes sur le traitement des infections à C. difficile, comme étant la seule option thérapeutique pour les patients présentant au moins deux récidives (2).
Chez l’enfant atteint de Mici
En pédiatrie, la littérature est plus pauvre, l’infection à C. difficile étant beaucoup moins fréquente. Une cinquantaine de cas ont été rapportés, avec un taux de succès de 89 %. En pratique, chez l’enfant, la problématique du C. difficile concerne principalement les patients souffrant de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (Mici), chez qui la bactérie peut être responsable de poussées de la maladie.
Dans les études pédiatriques, la TMF était bien tolérée, avec peu d’effets indésirables rapportés et un certain succès sur le traitement de la maladie inflammatoire elle-même. L’indication de la TMF chez l’enfant reste cependant la même que l’adulte : le traitement des récidives d’infection à C. difficile (3).
Un élargissement des indications ?
Compte tenu du large éventail de maladies associées à un déséquilibre du microbiote intestinal, les indications théoriques de TMF sont toutefois plus nombreuses : Mici, syndrome de l’intestin irritable, syndrome métabolique, obésité… Ce sont pour les Mici et en particulier pour la RCH que l’on dispose du plus de données, avec quatre essais randomisés contrôlés chez l’adulte et des essais ouverts chez l’enfant, montrant un taux de rémission de la maladie après TMF encourageant. Pour l’heure, aucune donnée scientifique ne peut inciter à proposer la TMF dans ces indications, elle demeure expérimentale et doit s’effectuer dans le strict respect des règles de la recherche clinique.
Des risques à maîtriser
Jusqu’à présent, aucun effet indésirable grave à court terme n’a été rapporté, ce qui est probablement lié à la sélection méticuleuse préalable des donneurs. La contagion d’agents infectieux non détectés dans les selles du donneur reste un risque et pourrait se produire un jour. La crainte de la transmission d’une pathologie liée à une dysbiose à travers une TMF reste présente. Cela est d’autant plus vrai chez l’enfant avant 3 ans, où le microbiote n’est pas encore stabilisé.
Exergue : Avant l’âge de 3 ans, le microbiote intestinal n’est pas entièrement stabilisé
Service de gastro-entérologie hépatologie et nutrition pédiatrique, hôpital Necker Enfants Malades, Paris (1) Van Nood E et al. N Engl J Med. 2013 Jan 31;368(5):407-15 (2) Cammarota G et al. Gut. 2017 Apr;66(4):569-80 (3) Davidovics ZH et al. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2019 Jan;68(1):130-43
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