Entre juillet 2022 et avril 2023, neuf cas d’infections néonatales graves à échovirus 11 (un entérovirus) ont été rapportés, alerte la Société française de pédiatrie (SFP).
Dans un document récent, la SFP précise que ces cas ont été diagnostiqués « dans un tableau de sepsis sévère, compliqué d’insuffisance hépatocellulaire grave et parfois d’atteinte myocardique, neurologique ou d’entérocolite ».
Parmi les patients, on compte quatre paires de jumeaux nés prématurément, entre 31 semaines d'aménorrhée (SA) + 5 jours et 36 SA + 3 jours, et un enfant né à 39 SA. « Tous ont présenté des signes cliniques entre trois et six jours de vie, dans un contexte de transmission maternofœtale avérée (sept cas) ou probable, décrit la SFP. Un contexte infectieux maternel (fièvre, signes digestifs) a été rapporté pour quatre des cinq mères dans les 48 heures précédant l’accouchement. Sept enfants sont décédés. » Les deux autres étaient en réanimation en date du 28 avril. La SFP évoque un taux de mortalité jamais observé jusque-là dans le cadre de la surveillance des infections néonatales à entérovirus.
Plusieurs facteurs de risque identifiés
Elle avance plusieurs facteurs qui pourraient favoriser la sévérité de l'infection : 1) l’acquisition de l’infection dans les sept premiers jours de vie ; 2) la prématurité et le petit poids de naissance (cinq nouveau-nés sur neuf) ; 3) la circulation d’un nouveau variant d’échovirus 11 ; 4) la possibilité déjà connue pour l’échovirus 11 de donner des infections néonatales graves avec défaillance hépatique majeure ; 5) la gémellité et le sexe masculin qui sont très prépondérants chez les neuf patients (sans qu'il soit compris pourquoi).
Détecté dès juin en France métropolitaine et dans certains départements et régions d’outre-mer (Nouvelle-Calédonie et Réunion), l'échovirus 11 est l'entérovirus prédominant chez les nouveau-nés (30,2 % des virus identifiés).
Les sept premiers cas ont fait l'objet d'une alerte début février par le Centre national de référence des entérovirus (CNR) auprès du réseau de surveillance des entérovirus et de Santé publique France. « La survenue de deux nouveaux cas graves dans un contexte de circulation d’un nouveau variant d’échovirus 11 incite à une plus grande vigilance et justifie une surveillance renforcée, aussi bien virologique que clinique, en raison de la méconnaissance fréquente de ce risque de transmission et de ce diagnostic vital, les hypothèses bactériennes étant prépondérantes chez le nouveau-né infecté », estime la SFP.
Une aggravation pouvant être rapide et brutale
La société savante détaille la conduite à tenir et recommande de :
- évoquer l’infection à entérovirus chez les nouveau-nés présentant une insuffisance hépatique grave, une entérocolite, une méningo-encéphalite ou une myocardite ;
- surveiller de manière rapprochée la fonction hépatique, cardiaque, neurologique et le risque d’entérocolite chez les nouveau-nés présentant un tableau de sepsis néonatal sévère d’étiologie indéterminée ;
- prévenir précocement les CHU de référence chez tout enfant présentant un tableau compatible avec une infection à entérovirus, l’aggravation pouvant être rapide et brutale ;
- en plus des prélèvements bactériologiques, réaliser systématiquement des prélèvements biologiques (sang, selles, naso-pharyngé), avec recherche du génome des entérovirus par RT-PCR chez les nouveau-nés et la mère ;
- se rapprocher très rapidement du groupe de praticiens cliniciens et virologues spécialisés pour discuter d’éventuelles options thérapeutiques en cas de diagnostic avéré ;
- surveiller l’enfant pendant au moins 7 jours en cas d’infection maternelle avérée en pré- ou per partum ;
- en cas de positivité pour la recherche d’entérovirus, adresser les prélèvements pour typage moléculaire aux laboratoires du CNR selon l’organisation prévue dans le cadre de la surveillance des infections à entérovirus en cas de positivité pour la recherche d’entérovirus.
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