L'exposition à une anesthésie générale de courte durée chez des tout-petits ne semble pas associée à un risque accru de troubles neurodéveloppementaux, selon une étude parue dans « The Lancet ».
Des expérimentations menées sur des animaux faisaient en effet suspecter un risque neurotoxique, et les études de cohortes se sont parfois révélées contradictoires. Selon les auteurs, il s'agit ici du premier essai randomisé contrôlé ayant évalué ce risque.
Au total, 722 bébés de moins de 60 semaines ont été inclus entre février 2007 et janvier 2013. Ils ont été recrutés dans 28 centres d'Australie, d'Italie, des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, du Pays-Bas et de Nouvelle-Zélande. Tous ont été opérés pour une hernie inguinale et n'avaient pas subi au préalable d'anesthésie générale. La moitié a eu une anesthésie générale (à base de sévoflurane), l'autre une anesthésie locale. En moyenne, les anesthésies générales ont duré 54 minutes.
Une population à prédominance masculine
Pour évaluer les effets potentiels de l'anesthésie générale, plusieurs paramètres ont été étudiés. Le critère principal de l'étude était le quotient intellectuel (QI) des enfants à 5 ans, évalué à l'aide de l'échelle FSIQ (full-scale intelligence quotient). La mémoire, l'attention, la fonction exécutive et le comportement des enfants ont également été évalués. Aucune différence statistique n'a été montrée entre les deux groupes.
« Cet essai contrôlé randomisé fournit des preuves solides qu'une exposition d'une heure à un anesthésique général au cours de la petite enfance ne provoque pas de déficit neurocognitif ou comportemental mesurable à l'âge de 5 ans », résument les auteurs.
Parmi les limites de l'étude, les auteurs soulignent la prédominance masculine de la population étudiée avec 84 % de garçons. Par ailleurs, le risque d'anesthésies plus longues ou répétées n'a pas été évalué dans cette étude.
« Près de la moitié des anesthésiques généraux administrés au nourrisson sont utilisés pendant moins d'une heure. Cette étude devrait donc dissiper certaines des inquiétudes suscitées par les données précliniques et les études de cohorte antérieures », concluent les auteurs, précisant toutefois que des études pour mesurer les effets à plus long terme seraient nécessaires.
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