Asthme infantile : attention aux pneumonies de la petite enfance

Par
Publié le 11/10/2021

Il y a bien plus d’asthmes chez les petits ayant fait une pneumonie avant l’âge de 2 ans.

Crédit photo : phanie

Il est relativement bien admis qu’après une infection respiratoire basse, le risque de développer un asthme augmente chez l’adulte. En revanche c’est bien moins clair en pédiatrie, d’autant que l’on peut se demander si l’association est causale ou plutôt liée à une prédisposition commune à développer pneumonie et asthme infantiles. Pour en avoir le cœur net, une analyse a été menée sur une vaste cohorte nationale d’enfants suédois. Ses résultats confirment que les petits enfants ayant souffert d’une pneumonie avant l’âge de deux ans ont un surrisque d’avoir développé un asthme à l’âge de 4 ans. Ce risque reste important même après ajustements, et notamment après prise en compte des facteurs familiaux confondants (comparaison intrafratrie). Il a même augmenté légèrement après la mise en place de la vaccination antipneumococcique, associée à une augmentation de la part virale des pneumonies infantiles.

Une cohorte nationale d’enfants nés en de 2001 à 2010

L’analyse porte sur une cohorte nationale d’enfants nés entre 2001 et 2010. Soit, après exclusion des enfants décédés, de ceux ayant quitté le pays et de ceux deux ayant fait plus de deux pneumonies avant l’âge de 2 ans − vu la possibilité d’une maladie sous jacente − un total de 948 000 enfants.

Parmi eux, 2,4 % ont fait un épisode de pneumonie avant l’âge de 2 ans. Soit 23 000 enfants. Ce sont plus souvent des garçons, des prématurés, des enfants nés par césarienne, des enfants petits pour leur âge, ayant une mère fumeuse et des parents asthmatiques, par comparaison à ceux n’ayant pas fait de pneumonie.

Au global dans cette cohorte de 948 000 enfants, 6,4 % sont asthmatiques à l’âge de 4 ans.

Trois fois plus d’asthme après pneumonie infantile

Les enfants ayant fait une pneumonie ont bien plus souvent un asthme à 4 ans que ceux n’en ayant pas fait. On est à 19 % versus 6 %, soit plus de trois fois plus d’asthme (RR = 3,6 [3,5-3,7]). Ce surrisque persiste après de multiples ajustements (RR = 3,4 [3,3-3,5]). Ce n’est pas pour autant et de loin la première « cause » d’asthme, puisque, au total, seulement 5 % des petits asthmatiques ont un antécédent de pneumonie. Soit donc une minorité.

Infection virale et asthme : impact de la vaccination anti pneumococcique

Entre 2007 et 2009, la vaccination antipneumoccique a été introduite en Suède en pédiatrie. En 2011, la couverture atteignait les 96 %. Résultat, une grande partie de la cohorte correspond à une époque prévaccination antipneumocoque −710 000 enfants− mais 132 000 enfants ont pour leur part grandi avec cette vaccination.

Or, la comparaison avant, versus après, l’introduction de la vaccination antipneumococcique met en évidence une légère augmentation du surrisque d’asthme post-pneumonie chez les tout-petits. On est passé en surrisque ajusté de RR = 3,3 [3,1-3,4] à RR = 3,8 [3,4-4,2]. En parallèle, alors que la majorité des pneumonies sont d’étiologie bactérienne, la proportion des pneumonies virales a légèrement progressé, passant de 11 % à 15 %. Une augmentation d’étiologies virales probablement à l’origine de cette augmentation du risque d’asthme post-pneumonie, même si cela reste difficile à prouver.

(1) S Rhedin et al. The Role of Familial Confounding and Pneumococcal Vaccination Pneumonia in Infancy and Risk for Asthma: The Role of Familial Confounding and Pneumococcal Vaccination. Chest 2021;160(2):422-431

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr