La profession finissait par ne plus y croire. Dix-huit mois après leur lancement, les Assises de la pédiatrie se sont enfin tenues le 24 mai. Parmi les 400 mesures du rapport, le gouvernement en a retenu 80 dans un plan 2024-2030 voulu « ambitieux » pour la santé de l’enfant. L'enveloppe consacrée à la déclinaison concrète est estimée à « 300 millions d'euros par an » d'ici à 2030.
Effectif des pédiatres formés augmenté de 10 % dès 2025 et de 50 % en 2030, revalorisation des médecins scolaires, des pédo-psychologues et plus globalement de la pédiatrie à l’hôpital et en libéral, filières pédiatriques dans les services d’accès aux soins (SAS) mais aussi filières de soins hautement spécialisés, augmentation des places en réanimation néonatale (objectif d’un lit pour 1 000 naissances dans chaque région) : les mesures de renforcement et d’attractivité sont des points de satisfaction pour le secteur.
Protéger, prévenir, dépister
Des avancées sont saluées pour la santé publique : la généralisation des Unités d’accueil pédiatrique des enfants en danger (Uaped), la mise en place d’un dispositif de coordination du parcours de soins des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) sur l’ensemble du territoire à partir de l’expérimentation « santé protégée » ainsi que le renforcement des centres de protection maternelle et infantile (PMI).
Mesure clé pour la prévention, le Beyfortus (nirsévimab) en prévention de la bronchiolite à VRS, réservé aux maternités l’année dernière, est généralisé en ville. Concernant les 20 examens obligatoires, « ils existent déjà et sont remboursés à 100 % mais pas assez réalisés », tempérait la Pr Christèle Gras-Le Guen, co-présidente du comité d’orientation des assises. La consultation supplémentaire à l’âge de 6 ans pour repérer les troubles du neurodéveloppement (TND) permettra de ne pas rater, avant l’entrée en CP, un diagnostic qui nécessiterait une prise en charge intensive.
L’extension du dépistage néonatal, notamment à la drépanocytose au dernier trimestre 2024, puis en 2025 au déficit immunitaire combiné sévère (DICS) et à l’amyotrophie spinale proximale (SMA) pour laquelle il existe une thérapie génique, « acte un changement de paradigme », estime la Pr Gras-Le Guen. Par ailleurs, un registre des naissances et des décès va être mis en place, une mesure attendue pour piloter des mesures de santé publique. Ce registre sera mis en lien avec une grande cohorte prénatale en cours de création dont l’objectif est de mieux comprendre les déterminants environnementaux et psychosociaux de la survenue des pathologies pédiatriques, notamment les cancers.
Mais si la pédopsychiatrie, sinistrée, fait l’objet d’un chapitre à part, la profession n’est pas convaincue. Certes, « le renforcement des maisons des adolescents (MDA), l’augmentation de 30 à 50 euros des séances de Mon soutien psy, la promotion du rôle des infirmiers, psychologues, orthophonistes, éducateurs, la revalorisation des psychologues dans les centres médico-psychologiques sont des pistes intéressantes », a reconnu le Pr Bruno Falissard dans nos colonnes. Mais pour le pédopsychiatre, ce ne sont que des « rustines », « il faut repenser en profondeur la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, car les pédopsychiatres ne sont et ne seront pas assez nombreux ces 20 prochaines années ». De son côté, la Pr Gras-Le Guen se désole : « Les besoins des enfants et des adolescents n’ont jamais été aussi importants, et les moyens n’ont jamais été aussi faibles. On ne pourra jamais avoir l’espoir d’y répondre avec ce qui est proposé ».
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024