Émise par le soleil et par des sources lumineuses artificielles (ampoules LED, tablettes, télévisions, ordinateurs, smartphones), la lumière bleue est une partie du spectre lumineux à laquelle les hommes sont de plus en plus exposés. En 2010, l’Anses publiait un rapport sur les « effets sanitaires des systèmes d’éclairage utilisant des diodes électroluminescentes (LED) » et concluait à la non-dangerosité des LED dans des conditions normales d’utilisation. Une version révisée du rapport doit être publiée prochainement. De fait, les connaissances évoluent et le sujet continue de susciter l’intérêt des chercheurs, malgré sa complexité.
« L’une des premières raisons rendant difficile l’évaluation des effets de cette lumière est le peu de données concernant l’exposition à laquelle chacun d’entre nous est soumis. Les sources de lumière bleue sont multiples et la quantité qu’elles émettent est très variable », explique ainsi le Docteur Christophe Orssaud, neuro-ophtalmologue (hôpital Pompidou et hôpital Necker, Paris) et président du Collège santé de l’Association française de l’éclairage (AFE).
Variation d’émission
Pour le Dr Orssaud, cette variation d’émission se comprend facilement, puisque l’exposition solaire dépend de l’importance d’une éventuelle couche nuageuse, qui bloque une partie de la lumière mais qui peut en augmenter la diffusion en tous sens. La variabilité est également présente pour les sources artificielles (LED, OLED, halogènes), qui ont des spectres différents et donc une quantité de lumière fluctuante dans chacune des bandes de lumière bleue. « D’autres paramètres doivent être pris en compte, comme la distance entre la source et les tissus cibles, les temps d’exposition et la température de la source », précise le Dr Orssaud, avant d’ajouter que le manque de connaissance des effets de la lumière bleue s’explique aussi par la « diversité et les spécificités des différents tissus ». En outre, alors que la lumière qui pénètre dans l’œil est une lumière réfléchie ou indirecte (on ne regarde pas les lampes au plafond), ce n’est pas le cas pour ce qui concerne les écrans, que l’on regarde « frontalement » : un usage qui n’est pas sans conséquence.
Durée d’exposition
En effet, à la lumière naturelle (environ 40 % de lumière bleue en fonction de la météo et de la période) et aux éclairages LED s’ajoutent aujourd’hui des temps sur les écrans de plus en plus longs. Selon le Baromètre de la vue publié par l’Association nationale pour l’amélioration de la Vue (AsnaV), en 2018, le temps moyen passé chaque jour sur les écrans est ainsi de 6 h 40 chez les adultes et de 9 h 43 chez les 16-24 ans.
»« En 2012, la durée était de 4 h 32 pour les adultes et de 5 h 40 pour les 16-24 ans : en quatre ans, l’augmentation est conséquente », constate Catherine Jegat, responsable opérations et communication à l’AsnaV. Et cela d’autant plus que ces usages se font aussi en soirée ou de nuit, quand l’œil est le moins préparé à recevoir d’importantes quantités de lumière.
Dans ce contexte, le Dr Orssaud met en avant quelques « règles d’hygiène lumineuse » incontournables, entre autres : ne pas regarder d’écran au moins deux heures avant d’aller se coucher ; ne pas regarder d’écran dans le noir ; toutes les 20 minutes, lever les yeux des écrans pendant 20 secondes et fixer un point à 6 mètres ; ne pas regarder directement les sources lumineuses. Enfin, il rappelle que la lumière bleue agit également sur la sécrétion de mélatonine : elle perturbe donc les phénomènes d’endormissement et peut jouer sur la qualité du sommeil.
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