L'ophtalmologie est devenue une activité assistée par des machines. Cette tendance ne cesse de prendre de l'ampleur. « Les machines qu'utilise l'ophtalmologue, 5 à 10 en moyenne, sont des aides pour optimiser la clinique. Durant tout son parcours de soin (dépistage, diagnostic, traitement, suivi), le patient sera ainsi pris en charge par son médecin, lui-même assisté par de multiples appareils, souligne le Dr Maté Streho, ophtalmologue au Centre Explore Vision (Paris), au Centre d'Exploration de la Vision (Rueil-Malmaison) et à l'hôpital Lariboisière (Paris). Nous avons aussi besoin de machines pour compenser l'augmentation du nombre de patients. Il y a une quinzaine d'années, un ophtalmologue voyait en consultation 20 à 25 patients par jour en moyenne. Aujourd'hui, certains en accueillent jusqu'à 100 ! ». En effet, l’usage des machines peut être délégué à des techniciens (orthoptistes), un gain de temps considérable pour l’ophtalmologue. Mais l'interprétation reste bien un acte médical et c’est ce dernier qui émet le diagnostic final.
Plus pratiques, plus puissants, plus rapides
Aujourd’hui, l’ophtalmologue ne peut travailler avec moins de 5 machines.
• L'auto-réfractokératomètre, appareil de référence dans l’aide à la prescription de lunettes, a gagné en précision et en rapidité… Et en ergonomie : « il peut désormais s'adapter à tous types de patients (debout ou en fauteuil roulant), grâce à une installation coulissante sur un mur », souligne le Dr Streho ;
• Le tonomètre avec pachymètre, qui permet de mesurer la pression intraoculaire (PIO) pour dépister le glaucome, a gagné en rapidité, précision et automatisme ;
• Le rétinographe, qui effectue l'analyse du fond d'œil, permet d'en numériser le résultat pour le conserver dans le dossier médical informatisé du patient et donc, de pouvoir comparer les clichés sur plusieurs années. Les nouveaux appareils sont associés à des logiciels automatisés de diagnostic. « Ils ne sont toutefois pas infaillibles. L'ophtalmologue reste le seul à pouvoir établir un diagnostic fiable », prévient le Dr Streho, qui souligne aussi l’arrivée des appareils « grand champ » : « avec plus de 200° (contre 50° pour les rétinographes standards), la rétine est visualisée en totalité sur un seul cliché » ;
• L'OCT (tomographie en cohérence optique) permet d'obtenir une vision quasi histologique de l'œil (5 à 10 microns de résolution). Rapide, semi-automatique et fiable, « son seul inconvénient est son prix : entre 50 000 et 80 000 euros pour un appareil valable, considère le Dr Streho. Il va par ailleurs évoluer ces prochaines années, avec l’introduction de l'OCT-angiographie permettant la visualisation des vaisseaux sans injection de produits de contraste » ;
• Le cinquième appareil indispensable à l'ophtalmologue, dépend de l'orientation de celui-ci. Dans des cabinets d'ophtalmologie généralistes, c’est le biomètre optique qui soutiendra les opérations de la cataracte. Le topographe-aberromètre est de rigueur pour une orientation chirurgie réfractive. Enfin, l'appareil de mesure du champ visuel est indispensable pour le suivi des glaucomes.
Investir et se former
Au total, pour pouvoir s'équiper en machines convenablement, un cabinet d'ophtalmologie doit désormais investir entre 100 000 et 200 000 euros. « Avec une consultation à 25 euros, ce matériel ne peut être amorti, d'autant que, en moyenne, ces appareils doivent être renouvelés tous les 3 à 5 ans, souligne le Dr Streho. Pour rentrer dans leurs frais, beaucoup d'ophtalmologues cotent leurs actes techniques d'imagerie en sus du prix de la consultation. La formation médicale continue est nécessaire car les ophtalmologues doivent apprendre à maîtriser les machines qui sont de plus en plus sophistiquées ».
Entretien avec le Dr Maté Streho, ophtalmologue au Centre Explore Vision (Paris), au Centre d'Exploration de la Vision (Rueil-Malmaison) et à l'hôpital Lariboisière (Paris)
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