LA DÉGÉNÉRESCENCE maculaire liée à l’âge (DMLA) est une affection rétinienne d’évolution progressive. Elle commence vers 50 ans ou plus tard. Au-delà de cet âge, elle constitue la principale cause de malvoyance dans les pays industrialisés (1). À un stade précoce, la maladie se manifeste par la présence de drusen et/ou d’altération de l’épithélium pigmentaire dans la région maculaire, la vision restant normale. Les drusen sont des dépôts lipidoprotéiques extracellulaires qui s’accumulent surtout dans la région de la macula, une petite partie de la rétine qui occupe une surface de l’ordre de 2 mm2, mais qui est essentielle pour la vision centrale. Ces drusen sont bien visibles lors de l’examen du fond d’il. Ils se présentent sous la forme de points jaunâtres plus ou moins concentrés au niveau de la macula.
Le risque évolutif de cette affection est variable. Il est caractérisé par une mauvaise acuité visuelle, elle-même due à une atrophie de la région maculaire, une néovascularisation sous-rétinienne et/ou un décollement de l’épithélium pigmentaire.
Une affection polygénique et environnementale.
Cette affection est multifactorielle, à la fois polygénique et environnementale. Les facteurs génétiques ont récemment été mis en évidence. En pratique, le risque de DMLA est multiplié par quatre dans la fratrie ou chez les descendants d’un cas. En 2009, quatre loci sont impliqués. Il s’agit du gène du facteur H de la voie alterne du complément, le locus Loc387715, dont la protéine est impliquée dans l’apoptose et les processus oxydatifs, celui du gène de l’apolipoprotéine E et enfin le nucléotide rs5888 du gène SCARB1, découvert très récemment (2). Ce dernier code pour la protéine SRB1 impliquée dans le métabolisme du cholestérol, la capture de la lutéine et de la vitamine E.
La prévalence de la DMLA augmente considérablement avec l’âge.
Par ailleurs, par définition, le principal facteur de risque de DMLA est l’âge. La prévalence de la DMLA augmente en effet considérablement avec l’âge. Elle varie, selon les critères cliniques retenus, de 1,6 à 1,9 % entre 52 et 64 ans, de 3 à 11 % entre 65 et 74 ans, mais de 8,5 à 27,9 % après 75 ans.
Parmi les autres facteurs environnementaux, le tabagisme est le principal facteur de risque, retrouvé dans toutes les études épidémiologiques, avec un risque relatif multiplié par 3 à 6 fois selon la consommation tabagique. L’obésité est également un facteur de risque important, avec un risque relatif de 2 environ. La consommation régulière en acides gras oméga 3 à longue chaîne est associée à une diminution du risque, l’odds ratio étant de 0,60 en moyenne. Enfin, la consommation régulière de lutéine et de zéaxanthine, des pigments maculaires retrouvés dans les légumes verts et jaunes, est associée à une réduction du risque de DMLA atrophique.
La connaissance de ces facteurs épidémiologiques est importante car ceux-ci peuvent parfois être modifiables, permettant ainsi de retarder l’apparition des formes évoluées, atrophiques ou exsudatives de cette maladie (1).
La lutte contre le tabagisme et la surcharge pondérale ainsi que les mesures hygiénodiététiques constituent les éléments clés de la prévention primaire. Le dépistage dans la population générale par un examen du fond d’il tous les 3 ans à partir de 55 ans et le dépistage ciblé dans la population à risque permettent une prévention secondaire efficace. La prévention tertiaire, l’information grand public (3) et la formation médicale continue complètent ces mesures indispensables.
Références
(1) Leveziel N, et coll. Epidémiologie de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. J Fr Ophtalmol 2009 ; 32 (6) : 440-51.
(2) Zerbib J, et coll. rs5888 variant of SCARB1 gene is a possible susceptibility factor for age-related macular degeneration. PLoS One 2009 ; 4 (10) : e7341.
(3) Association DMLA : numéro Vert 0 800 880 660. Web : www.association-dmla.com.
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