La maladie cœliaque peut s’accompagner de trois types d’atteinte hépatique. L’atteinte spécifique, l’hépatite cœliaque, est la plus fréquente. Elle se manifeste par une élévation isolée des transaminases, prédominant sur les ALAT. Elle est corrigée par le régime sans gluten et son évolution vers la cirrhose est exceptionnelle.
Un bilan hépatique systématique
« La prévalence de l’hypertransaminasémie chez les patients ayant une MC varie de 15 à 60 % selon les études. Un bilan hépatique doit ainsi être systématique en cas de MC » , a rappelé le Pr Jean-Marie Peron lors du récent symposium francophone de l’ICDS. Et inversement, toute élévation isolée et inexpliquée des transaminases doit conduire à rechercher une MC, dont la prévalence dans ce contexte est de 9 % selon les études. Ceci est d’ailleurs parfaitement spécifié dans les dernières recommandations sur la maladie cœliaque (1). En l’absence d’anomalies lors du bilan standard d’hépatite chronique, la prise en charge de cette hépatite repose sur un régime d’exclusion du gluten. « La biopsie hépatique n’est pas indiquée s’il n’y a pas de signes de cirrhose, la réalisation d’un Fibroscan, simple et largement accessible, pourrait être plus systématique », estime le Pr Peron.
En lien avec des atteintes hépatiques auto-immunes
La MC peut également être associée à deux atteintes hépatiques auto-immunes. La cholangite biliaire primitive (CBP), première cause de cholestase hépatique, au cours de laquelle la prévalence de la MC varie de 2 à 11 %. « LA CBP, qui touche préférentiellement les femmes après 50 ans, doit être suspectée face à une augmentation des gamma GT (3N) et des phosphatases alcalines (PA; 1,5N), alors qu’une élévation isolée des PA oriente plutôt vers une ostéomalacie », a précisé le Pr Peron. L’échographie est normale et le diagnostic se fonde sur la recherche des anticorps antimitochondrie de type M2, ou depuis plus récemment d'anticorps antinucléaires anti-gp210 et anti-sp100. Dans 10 % des cas, la CBP est associée à une hépatite auto-immune (HAI). Cette dernière, dont l’incidence est en augmentation, touche toutes les populations et tous les âges, avec toutefois deux pics à l’adolescence et après 60 ans. Une MC est présente chez 4 à 6 % des patients avec HAI. Il s’agit d’une pathologie sévère, grevée d’un taux de mortalité élevé en l’absence de traitement (corticoïdes et immunosuppresseurs). Au moment du diagnostic, un tiers des patients ont une cirrhose.
Enfin, une MC est présente dans de 3 à 7 % des stéatopathies métaboliques (NASH). Une MC doit notamment être évoquée en cas d’anémie inexpliquée, de malabsorption et de signes abdominaux récurrents. Et a contrario, il faut noter que le régime sans gluten est associé à une augmentation du risque de NASH par un facteur 2,8. Le diagnostic se fonde sur l’échographie et le Fibroscan.
D’après la communication du Pr Jean-Marie Peron, hôpital Rangueil, CHU, Toulouse, lors du symposium francophone organisé par la SNFGE lors du 18ème symposium international sur la maladie coeliaque (ICDS, Paris 5-7 septembre 2019).
(1)AI Toma A et al. European Society for the Study of Coeliac Disease (ESsCD) guideline for coeliac disease and other gluten-related disorders. United European Gastroenterol J. 2019 Jun;7(5):583-613. doi: 10.1177/2050640619844125.
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