L'environnement professionnel dans le secteur agricole expose potentiellement les travailleurs à de multiples nuisances en termes de santé respiratoire : poussières, micro-organismes, mycotoxines, produits chimiques, gaz. Or, même si quelques enquêtes ont été menées, on manque de données représentatives à l'échelle nationale. C'est pourquoi une étude a été menée dans le cadre du programme Coset – une cohorte pour la surveillance épidémiologique en lien avec le travail – dans la sous cohorte Coset-MSA regroupant des actifs du régime agricole.
Dans cette première étude pilote menée en 2010, la prévalence de l'asthme a été estimée à un taux entre 4 et 6 %, selon la définition retenue. La prévalence de la toux et des expectorations chroniques était de 8,3 %. Soit plus élevées qu'en population générale. Et ces prévalences étaient plus importantes chez les salariés que chez les non salariés.
Plus de 2000 répondants à l'enquête
L'enquête est basée sur un auto-questionnaire envoyé par la poste. Près de 10 000 sujets tirés au sort parmi la population inscrite au régime agricole et âgés de 18 à 65 ans ont été contactés dans 5 départements. Parmi eux, 20 % ont répondu à l'enquête, soit 2 360 sujets. Ils ont un âge moyen de 44 ans, les deux tiers sont des hommes. La moitié de ces hommes est en surpoids ou obèse ainsi qu'un tiers des femmes. Les hommes sont largement plus souvent non salariés ou salariés du secteur primaire. Et globalement environ un quart de ces sujets sont fumeurs.
Plusieurs critères utilisés
Pour l'asthme, deux définitions ont été retenues :
– une crise dans l'année ou suivi d'un traitement médical pour asthme ;
– diagnostic médical d'asthme avec en plus au moins un symptôme dans l'année et/ou traitement médical.
Quant à la toux ou l'expectoration chroniques, il s'agissait d'une toux ou expectoration au lever, ou dans la journée, ou la nuit, en hiver, durant au moins 3 mois consécutifs par an.
En ce qui concerne l'emploi retenu, la qualification a été basée sur le dernier emploi. Les auteurs ont distingué :
– les non salariés, rassemblant les exploitants (culture, élevage, etc.) et leur famille mais aussi les chefs d'entreprise (travaux agricoles et forestiers, sylviculture, paysagiste…) ;
– les salariés du secteur primaire (agriculture, aquaculture, sylviculture…), secondaire (activités de transformation) et tertiaire (commerce, finance, enseignement agricole…).
Des variations de prévalence suivant l'occupation
Dans cet échantillon, 4 (définition 1) à 6 % (définition 2) des participants présentent de l'asthme, et 8,3 % une toux ou expectoration chronique. On observe des différences suivant le statut du dernier emploi.
Après ajustement, en se restreignant aux agriculteurs, pécheurs et sylviculteurs, l'asthme, comme les toux et expectorations chroniques, sont plus fréquentes chez les salariés que chez les non salariés. On note par ailleurs une tendance à plus d'asthme dans les activités non agricoles et plus de toux ou expectoration dans l'élevage.
Pour expliquer ces observations, les auteurs rappellent que le risque allergique est réduit chez les personnes ayant été en contact avec un environnement agricole dès l'enfance. Ce phénomène protecteur pourrait être plus important chez les non salariés a priori ayant plus souvent vécu dans une ferme. La différence pourrait aussi être liée au fait que classiquement les agriculteurs fument moins, même si le statut tabagique actuel ne suffit pas à totalement l'expliquer. Le fait est que les exploitants et salariés n'assument pas exactement les mêmes tâches avec en conséquence des différences d'exposition qui pourraient aussi y participer.
(1) Benezet L et al. Prévalence des symptômes et maladies respiratoires dans une cohorte de travailleurs du monde agricole dans cinq départements français en 2010. BEH 2019;7:121-7.
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