Une étude néerlandaise publiée dans « JAMA Oncology » met en garde contre la consommation de certains poissons pendant une chimiothérapie. Au vu de l’ensemble d’une série d’expérimentations, l’équipe du Netherlands Cancer Institute d’Amsterdam s’inquiète du fait que l’ingestion d’un acide gras de poisson particulier dit PIFA (pour « platinum-induced fatty acid » en anglais), le PIFA 16:4(n-3), pourrait être à l’origine de chimiorésistance.
La consommation de suppléments alimentaires est une pratique répandue chez les sujets ayant un cancer, qui espèrent ainsi influer positivement sur leur état de santé. Les effets réels pourraient ne pas correspondre aux attentes, comme le craint l’équipe néerlandaise au sujet des huiles de poisson. Le Pr Emile Voest et ses collègues avaient montré auparavant que deux acides gras de poisson en quantités infimes, dont le PIFA 16:4(n-3), étaient capables d’entraîner une chimiorésistance chez la souris.
Chez les 118 patients ayant un cancer qui ont accepté de répondre au questionnaire spécifique, les chercheurs ont trouvé que 11 % consommaient des suppléments alimentaires de type oméga 3. Pour le volet pharmacocinétique, une étude menée sur 6 huiles de poisson et 4 types de poisson, a révélé que toutes les huiles (3 de sardines et/ou anchois, 1 de lançon et 2 d’origine indéterminée) contenaient des taux élevés de l’acide gras PIFA 16:4(n-3). Contrairement au thon et au saumon, le maquereau et le hareng fumés contenaient des taux élevés de l’acide gras. De plus chez la souris, la consommation de 1 microlitre d’huile de poisson a augmenté la résistance à plusieurs chimiothérapies (irinotécan, cis-platine, oxaliplatine).
Le thon et le saumon hors de cause
Enfin chez l’homme, parmi une trentaine de volontaires sains, les chercheurs ont montré que la consommation d’huiles de poisson, de trois marques différentes mais toutes à base d’anchois et de sardine, à la dose recommandée de 10 ml, augmentait significativement le taux sanguin de l’acide gras, et jusqu’à 20 fois la normale. De même, dans une autre expérimentation avec 4 variétés de poisson, l’équipe a constaté que la consommation standard de maquereau fumé et de hareng fumé (100 g) augmentait significativement le taux de PIFA 16:4(n-3) par rapport à celle de thon et de saumon.
Après ingestion de 10 ml d’huile de poisson, il fallait attendre 8 heures pour revenir à une normalisation complète des taux sanguins de l’acide gras. Les chiffres de demi-vie étaient comparables après consommation de poisson. L’étude conclut ainsi : « Jusqu’à ce que des données complémentaires soient disponibles, nous conseillons aux patients d’éviter provisoirement l’huile de poisson, à partir de la veille de la chimiothérapie jusqu’au jour suivant. »
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024