En France, plus d’un million de personnes de plus de 50 ans sont atteintes de cette dégénérescence de la macula –la zone centrale de la rétine. La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), caractérisée par une perte progressive de la vision centrale, est une pathologie aux causes multiples, mêlant des facteurs de risques génétiques et environnementaux (comme le tabagisme, l’obésité, la surexposition à la lumière).
Forme sèche, forme humide
La phase précoce de la maladie, plus ou moins asymptomatique et sans dégénérescence maculaire, est la forme dite « sèche précoce » (maculopathie liée à l’âge ou MLA). Dans la moitié des cas, elle reste stable, dans l’autre, elle évolue vers des formes dégénératives tardives – la forme « sèche avancée » (« atrophique ») ou la forme « humide » (« néovasculaire »), d’incidence équivalente et dans lesquelles la dégénérescence est alors irréversible. Aujourd’hui, la DMLA reste incurable. Depuis 2006, la forme humide est traitée à l’aide d’anti-VEGF injectés dans l’œil, pour inhiber la formation des néovaisseaux anormaux caractéristiques de ce stade de la maladie. Mais la forme humide peut également se transformer en DMLA atrophique, pour laquelle il n’existe aucun traitement spécifique. Certains facteurs protecteurs ont néanmoins été identifiés, permettant de ralentir la progression des formes sèches (précoce et avancée). Mis à part l’arrêt du tabac, la perte de poids, la protection contre les rayons du soleil, les chercheurs s’intéressent aux effets de l’alimentation. Des études épidémiologiques à grande échelle ont en effet suggéré que certains nutriments peuvent ralentir l’évolution de la maladie.
France et USA
Deux vastes études interventionnelles ont été menées sur l’homme. L’AREDS 1 et 2 (Age related eye disease study), menées par le National eye institute américain, et NAT 1 et 2 (Nutritional AMD treatment), menées par l’équipe du Pr Éric Souied, chef du service d'ophtalmologie à l'hôpital intercommunal de Créteil. Les derniers résultats des deux approches ont été publiés en 2013. Si leurs conclusions n’ont pas toujours été concordantes – menant à de fortes controverses dans la communauté – le Pr Souied résume les conclusions générales et recommandations actuelles en France.
Nutriments protecteurs
D’une part, l’importance des oméga 3 à longue chaîne, dits DHA (acide docosahéxaéonique). D’autre part, l’importance des caroténoïdes (lutéine et zéaxanthine). « On est tous d’accords dire qu’ils ont un effet protecteur », résume le Pr Souied. Enfin, les patients semblent également bénéficier d’un apport élevé en vitamine C, E et zinc. En pratique, la prescription de compléments alimentaires n’est pas indiquée pour tous. « La première indication, non discutable, c’est pour les individus dont un œil est atteint et pas l’autre, explique le clinicien. On en donne aussi aux individus qui ont un score important à l’examen du fond de l’œil (3 ou 4). Par contre, chez les patients qui ont des scores bas (0,1 ou 2), il n’y a pas lieu d’en prescrire. » Pour ces derniers, et pour le 3e âge en général, les praticiens préconisent une alimentation équilibrée et riche en oméga 3 et en antioxydants : poissons gras au moins une fois par semaine, fruits et légumes verts. « Nous avons été surpris, car nous craignions qu’il soit difficile de changer les habitudes alimentaires des personnes âgées – L’adage dit qu’il faut une génération pour faire passer un message… mais finalement ça va beaucoup plus vite que ça », conclut le Pr Souied.
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