En France, 6 millions de femmes sont en surpoids et 3,8 millions sont obèses. Certes, nous n’en sommes pas encore au « ras de marée observé aux États-Unis », pour reprendre les termes du Pr Michel Marty, président de la société française du cancer, mais il s’agit de rester vigilant.
C’est pourquoi 7 sociétés savantes ont élaboré, avec le soutien institutionnel du laboratoire Merck Sharp and Dohme, un programme de formation à destination des professionnels de santé, autour des facteurs de risque sur la santé des femmes. Le thème de cette année portera sur le surpoids. Le lancement du programme a été l’occasion pour les représentants des sociétés savantes de présenter les derniers chiffres et tendances.
Un facteur de risque cardiovasculaire et cancérigène
Le Pr Yves Juillière, président de la société française de cardiologie, rappelle que les maladies cardiovasculaires tuent davantage de femmes que d’hommes. Chez la femme, il s’agit de la première cause de mortalité, causant 7 fois plus de décès que le cancer du sein. À partir de 29 kg/m2 de surface corporelle, le risque de mort cardiovasculaire mais aussi de morbidité – hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, maladies coronaires – augmentent de pair avec l’indice de masse corporelle (IMC).
L’inégalité se retrouve aussi face au cancer : d’après le Pr Marty, 5,4 % des cancers chez la femme sont liés au surpoids, contre 1,9 chez l’homme. La sédentarité et le surpoids sont des facteurs de risques souvent méconnus de cancers post- ménopausique, notamment pour le cancer du sein et le cancer de l’endomètre.
Impacts dans le domaine gynécologique
Le surpoids et l’obésité réduisent la fécondité féminine, et augmentent les délais et complication de la grossesse. Moins notoire : leur impact sur la procréation médicalement assistée, avec des taux de réussite inférieurs chez les femmes en surpoids, d’après le Dr Christian Jamin, de la société française de gynécologie, et du collège national des gynécologues et obstétriciens français.
Au niveau contraceptif, les risques de thrombose veineuse liés aux oestro-progestatifs sont accrus chez les femmes en surpoids. « Nombreuses sont celles qui se tournent alors vers des modes de contraception non-médicales, explique le gynécologue. Du coup, le risque de grossesse non désiré est 4 fois plus élevé chez les femmes en surpoids. »
Une prise en charge essentiellement comportementale
Sans grande surprise, les intervenants préconisent la surveillance alimentaire comme principal mode d’intervention.?« Les petits pas sont la clé du succès d’un régime, souligne le Pr Bernard Bauduceau, de la Société francophone du diabète. Viser une perte de 5 à 15 % sur un an est un bon objectif, les régimes restrictifs, eux ne permettent pas de tenir. » La chirurgie bariatrique n’est proposée qu’en deuxième intention, pour les femmes avec un IMC supérieur à 40, ou supérieur à 35 avec comorbidité.
L’activité physique intervient principalement au niveau de la stabilisation du poids.
Le programme sera déployé dans le cadre de réunions multidisciplinaires organisées dans 20 régions. La thématique en 2016 portera sur tabac chez la femme, en 2017 sur la consommation d’alcool.
Dr S.P.
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