L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime que le Glyphosate, principe actif contenu dans le Roundup, n’est « probablement pas cancérogène », dans sa réévaluation de cette substance publiée aujourd’hui. Ces conclusions contredisent celles du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui classe le glyphosate dans la catégorie des « cancérigènes probables ». Elles ne vont pas non plus dans le sens de la décision de la ministre française de l’Écologie et du développement durable Ségolène Royale qui a annoncé vouloir interdire la vente du Roundup en libre-service dans les jardineries.
Le groupe d’expert de l’EFSA a fixé à 0,5 mg par kg l’exposition maximum au glyphosate, mais estime que les données disponibles ne permettent pas de classer cet herbicide dans la catégorie des produits génotoxique au niveau européen.
Un avis très attendu
Cet avis de l’EFSA repose sur une réévaluation des risques liés au glyphosate menée par l’institut fédéral allemand d’évaluation des risques, le BfR (Bundesinstitut für Risikobewertung). Il s’agit de la seconde évaluation réalisée par l’institut allemand sur demande de l’EFSA afin de prendre en compte les conclusions du CIRC, la première s’appuyant en grande partie sur les données fournies par l’industrie.
« Notre évaluation se base sur un large panel d’étude, y compris plusieurs d’entre elles qui n’ont pas été prises en compte par le CIRC », précise l’EFSA pour expliquer les différences entre leurs conclusions et celles de l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’avis de l’EFSA était très attendu, dans la mesure où ce document doit servir de base à la décision que prendra la Commission européenne, et plus précisément la DG SANCO, en 2016 concernant le prolongement de l’autorisation du glyphosate qui arrive à la fin de son autorisation décennale de commercialisation.
Même si cette autorisation devait être prolongée, cela ne signifierait toutefois pas que les désherbants qui en contiennent continueront à être commercialisés en France, puisque l’Anses disposera alors d’un an pour les réévaluer et, éventuellement, les interdire.
Une possible reclassification européenne
Dans son avis, l’EFSA appelle à approfondir les travaux sur deux points complémentaires : le premier vise à évaluer si les éléments présentés par le CIRC et l’EFSA sont de nature à soutenir une proposition de modification de la classification du glyphosate. En fonction du résultat de ce travail, le classement de la substance par l’agence européenne des produits chimiques (ECHA) pourrait conduire à des restrictions d’usage des produits à base de glyphosate.
Le second point concerne les résultats des études de génotoxicité des préparations commerciales associant le glyphosate à des formulants. Le groupe d’experts de l’EFSA doit rendre ses conclusions sur le premier point en janvier 2016, et d’ici la fin du premier trimestre 2016 pour le second. Ces éléments compléteront les résultats des expertises menées par le BfR, l’EFSA et l’ECHA, en vue d’éclairer les décisions à prendre au niveau européen d’ici l’été 2016 par la Commission européenne et les États membres concernant la réapprobation de la substance active.
Dans un communiqué publié en simultané, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) rappelle avoir « d’ores et déjà engagé un travail spécifique dans le cadre d’une saisine reçue des ministères » de l’écologie et de la santé.
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