POUR VIVRE plus longtemps et mieux, il faudrait moins manger. En effet, la restriction calorique, c’est-à-dire un régime réduisant de 20 a 40 % l’apport calorique en maintenant une nutrition adéquate, allonge la durée de vie des animaux de laboratoire et améliore leur sensibilité à l’insuline alors qu’elle décline avec l’âge. La restriction calorique agirait en inhibant la kinase mTOR1 (pour mechanistic Target Of Rapamycine complex 1). Étant donné la difficulté d’un tel régime, un médicament simulant cet effet offrirait l’élixir de jouvence tant recherché.
En 2009, on a montré que la rapamycine (un médicament anti-rejet et anticancéreux, qui inhibe le mTOR1) allonge la durée de vie des souris, de 15 % chez les femelles et 10 % chez les mâles. Toutefois, de façon paradoxale, son administration chronique entraîne une intolérance au glucose et une résistance à l’insuline.
Dans une étude publiée par « Science » (Lamming et coll., Cambridge, Massachusetts), des chercheurs de MIT et de l’université de Pennsylvanie (Philadelphie) montrent maintenant que la rapamycine inhibe aussi le complexe mTOR2 chez la souris et révèlent que mTOR2 est nécessaire à la régulation par l’insuline du métabolisme du glucose dans le foie.
De plus, les chercheurs montrent que l’atténuation du signal mTOR1 est suffisante pour prolonger la durée de vie des souris, indépendamment des changements dans le métabolisme du glucose.
En effet, ils ont étudié une souche de souris génétiquement modifiée (hétérozygote pour mTOR et mLST8) dont l’activité mTORC1 est partiellement inhibée mais dont l’activité mTORC2 reste intacte. Ils ont constaté que les femelles (mais pas les mâles) ont une durée de vie prolongée de 14 %, tout en ayant une tolérance au glucose et une sensibilité à l’insuline normales.
« Nos résultats démontrent que la réduction du signal mTORC1 est suffisante pour allonger la durée de vie, et que le signal mTORC2 a de profonds effets sur le métabolisme. Ils indiquent que mTORC2 pourrait être un acteur important dans la pathogenèse du diabète de type 2 et dans le syndrome métabolique », souligne le chercheur Lan Ye (université de Pennsylvanie, Philadelphie).
Ciblage spécifique de mTOR1.
Cette étude ouvre la voie au développement d’un médicament anti-vieillissement préférable à la rapamycine.
« Nous espérons que, dans le futur, nous serons capables de développer des molécules qui ciblent spécifiquement mTOR1 », laisse entrevoir le Pr Joseph Baur (université de Pennsylvanie, Philadelphie).
« En dehors du développement d’inhibiteurs plus spécifiques pour mTORC1, nous voulons comprendre pourquoi l’inhibition de TORC1 prolonge la vie. Nous étudions actuellement les interactions entre mTORC1 et d’autres voies qui influencent la longévité, ainsi que ses effets sur la génération des radicaux libres et le contrôle qualité des protéines », ajoute-t-il.
Le complexe mTOR, qui répond aux nutriments et aux facteurs de croissance, est connu pour réguler de nombreux processus cellulaires liés à la croissance et à la différenciation.
Lamming et coll., Science 30 mars 2012, p. 1638.
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