Obésité et ménopause

La place d’un récepteur aux estrogènes

Publié le 20/01/2011
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OUTRE SON RÔLE dans la reproduction, le 17 ß estradiol joue un rôle clé dans la régulation de la balance énergétique et le poids corporel. Une équipe de chercheurs américains vient de montrer, chez la souris, qu’une voie de signalisation du récepteur alpha aux estrogènes (ER alpha), dite non classique, médie les principales actions de cet estrogène sur la balance énergétique. Si l’on prend en compte que la chute des taux de 17ß chez la femme après la ménopause s’accompagne d’une tendance à l’obésité et au diabète de type 2, la mise au point d’agonistes sélectifs de l’ER alpha pourrait agir favorablement sur ces conséquences métaboliques postménopausiques.

Le travail est parti de la création récente de souris génétiquement modifiées. Une mutation a permis de bloquer la voie de signalisation dite classique de l’ER alpha, impliquée dans la transcription de gènes cibles. En revanche, leur voie ER alpha non classique, qui médie l’action des estrogènes, demeure intacte. Elles ont été comparées à des souris chez qui les deux voies de signalisation, classique et non classique, ont été mutées. Ces dernières connaissent une augmentation du poids corporel, une adiposité, des troubles de la glycorégulation, une diminution de la dépense énergétique, une hyperinsulinémie et une hyperleptinémie. Chez les rongeurs qui conservent leur voie de signalisation ER alpha non classique l’équipe a relevé une restauration des paramètres métaboliques par rapport aux souris doublement mutées. La normalisation du poids corporel et des métabolismes s’explique par un retour à la normale de la dépense énergétique, notamment grâce à l’activité locomotrice volontaire.

Ce travail expérimental semble donc bien impliquer la voie de régulation non classique des ER alpha dans la participation des estrogènes à l’homéostasie énergétique. Des essais, enfin, visant à neutraliser le gène ER alpha dans le noyau ventromédian de l’hypothalamus identifient ce secteur cérébral comme le centre stratégique de la régulation énergétique liée aux estrogènes.

J Clin Invest doi:10.1172/JCI41702.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8889