La plupart des études sous-estiment le risque de décès lié au surpoids et à l’obésité, explique dans les « PNAS » (Proceedings of the National Academy of Sciences) Andrew Stokes, professeur assistant de santé publique à l’Université de Boston. En effet, ces études ne reposent que sur une seule mesure de l’indice de masse corporelle et ne font pas de distinction parmi les personnes qui ont un poids normal, entre celles dont le poids a toujours été stable et celles qui étaient avant en surpoids ou obèses. « Le simple fait d’inclure une mesure temporelle du poids permet de mieux mettre en évidence les risques liés à l’obésité qui sont beaucoup plus élevés qu’estimés jusqu’alors », précise Andrew Stokes.
Mesure de l’IMC maximal
Avec Samuel Preston, sociologue à l’Université de Pennsylvanie, ils ont étudié l’association entre excès pondéral et mortalité en utilisant les données d’une enquête nationale américaine sur la nutrition (National Health and Nutrition Examination Survey) qui a suivi aux États-Unis plus de 30 000 patients en 1988-1994 et en 1999-2010. Pour cette étude, seules les données de patients adultes âgés de 50 à 74 ans ont été retenues et croisées avec les certificats de décès de 2011. En plus de la mesure de l’IMC à l’inclusion, les auteurs ont testé plusieurs modèles d’évaluation du statut pondéral avec ou non prise en compte de l’histoire pondérale en incluant notamment le poids maximal atteint par un individu au cours de sa vie. Parmi ceux dont le poids était normal au moment de l’étude, 33,9 % avaient déjà été en surpoids ou obèses.
Diabète et maladie cardio-vasculaire
Dans ce groupe, le risque de décès est 27 % plus élevé que parmi les individus qui ont toujours gardé un poids identique. L’étude montre aussi une forte prévalence du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires chez ces anciens obèses ou en surpoids : multipliée par 3 par rapport aux groupes ayant un poids stable. Plus l’IMC maximal est élevé plus la mortalité ou la morbidité cardio-vasculaire ou du diabète est élevée. Selon les auteurs, introduire l’histoire pondérale des patients est capital : être obèse ou en surpoids à un certain âge pourrait être un facteur de prédisposition de diabète et de maladie cardio-vasculaire, indépendamment d’une perte de poids ultérieure. Par ailleurs, à un certain point, ces deux affections induisent une perte de poids. Les résultats de cette étude pourraient expliquer le paradoxe de l’obésité mis en évidence dans certaines études selon lequel un certain excès pondéral serait bénéfique pour la santé. Surtout, ils suggèrent que même si les niveaux du surpoids et de l’obésité s’infléchissent après 3 décennies d’augmentation rapide aux États-Unis, les conséquences en termes d’espérance de vie pourraient persister.
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