CES TROIS ÉTUDES ont été conduites par le Global Burden of Metabolic Risk Factors of Chronic Diseases Collaborating Group avec 3 équipes distinctes : Mariel Finucane et coll. (IMC), Goodarz Danaei et coll. (PAS) et Farshad Farzadfar et coll. (CT). L’éditorial est signé Sonia Anand et Salim Yusuf (Canada).
Les chercheurs ont colligé les données concernant : 960 pays-années avec 9,1 millions de participants pour l’IMC ; 876 pays-années et 5,1 million de participants pour la PAS ; 321 pays-années et 3 millions de participants pour le CT.
I. Constats
1. IMC
Tant chez les femmes que chez les hommes, l’obésité a augmenté dans toutes les régions du monde. En 2008, il y avait 1,46 miliard d’adultes en surpoids (IMC ≥ 25), dont 500 milions d’obèses (IMC ≥ 30). Ce qui suggère que le surpoids touche 1 adulte sur 3 et l’obésité 1 adulte sur 9.
L’IMC était plus élevé dans les pays à haut revenu (moyenne 24,7 en 1980 et 26,6 en 2008) et les pays à revenu moyen (23,6 et 26,1) par rapport aux pays à faible revenu ( 20,7 et 22,3) mais il s’accroît dans toutes les régions, de sorte qu’il est maintenant identique dans les régions à haut revenu et les régions à revenu moyen.
2. PAS
Les chercheurs ont estimé qu’en 2008 il y avait 1 milliard d’individus avec une HTA incontrôlée (PAS ≥ 140 mmHg ou PAD ≥ 90 mmHg). Mais, de façon surprenante, la PA a diminué globalement ces trente dernières années. En 1980, la PAS moyenne était plus élevée dans les pays à haut revenu. Mais, entre 1980 et 2008, la PAS moyenne a diminué de façon notable (- 7,3 mmHg) dans les pays à haut revenu (notamment Amérique du Nord, Australasie, Europe de l’Ouest) alors qu’elle s’est élevée dans les pays à faible revenu, notamment Océanie et Afrique de l’Est, Asie du Sud, Asie du Sud-Est, Afrique de l’ouest (+ 3,3 mmHg).
3. Cholestérol
Le CT à jeun était plus élevé dans les pays à haut revenu entre 1980 et 2008 (5,62 et 5,19 mmol/l), suivi des pays à revenu moyen (4,91 et 4,70) puis les pays à faible revenu (4,46 et 1,20). La plus grande diminution état observée dans les pays occidentaux à haut revenu et dans les pays d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est (0,2 mmol/l par décennie). À l’opposé, on a observé une augmentation du CT en Asie de l’Est et du Sud-Est et dans des régions du Pacifique (0,08 à 0,09 mmol/l par décennie). Notamment Japon, Chine et Thaïlande l’ont connu une augmentation du CT.
II. Discussion
1) Pourquoi y a-t-il une dissociation entre l’augmentation de l’IMC dans toutes les régions économiques alors qu’il y a une baisse de la PA et du CT notamment dans les pays à haut revenu, se demandent les éditorialistes ? Pourquoi y a-t-il une petite augmentation de la PA et une diminution du CT dans les pays à revenu moyen, malgré un accroissement de l’IMC ? Pourquoi y a-t-il uniquement une augmentation de la PA mais pas du CT dans les pays à faible revenu, malgré un accroissement de l’IMC ? Ces divergences signifient-elles que nous pourrions facilement atténuer les effets adverses de l’accroissement du poids sur la PA et le CT par d’autres moyens ? Quelques impacts de l’augmentation de l’obésité dans les pays riches (et à un moindre degré les pays à revenu moyen) pourraient être atténués par un meilleur contrôle tensionnel et les statines. Mais la baisse du cholestérol date d’avant l’utilisation des statines dont l’usage reste faible même en prévention secondaire dans la plupart des pays. Une diminution de l’apport sodé dans quelques pays riches comme la Finlande et le Japon peut avoir contribué à la baisse de la TA dans certains pays mais on manque de données dans la plupart des pays sur la prise de médicaments, l’alimentation et l’exercice physique.
2) Ce que l’on a observé ici et dans des études américaines suggère que le contrôle de la PA, du CT et du tabagisme devrait réduire le risque cardio-vasculaire même si l’obésité (et le diabète) s’accroît.
3) Cela dit, les prévisions concernant le risque CV dans les pays à faible ou moyen revenu dans les décennies à venir pourrait se chiffrer en dizaines de millions de décès « évitables », à moins que soient prises des mesures rapides et étendues. Des stratégies médicamenteuses et technologiques et des modifications des comportements, certes efficaces, représenteraient toutefois une charge insupportable. « Il faut d’urgence comprendre pourquoi des comportements non sains sont adoptés à la fois par les individus et la société. Et comment ils affectent les facteurs de risque métabolique et le tabagisme.
4) « À long terme, les moyens les plus efficaces pour endiguer le tsunami des maladies CV passe par le contrôle des facteurs de risque à l’échelle des populations. » Dans les pays à haut revenu, les réductions des facteurs de risque sont attribuables aux modifications de l’alimentation (moins de produits d’origine animale, moins de sel) et à l’activité physique. Dans les pays à revenu moyen ou faible, ce contrôle sera long et complexe.
The Lancet du 4 février online.
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