Selon la DRESS (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), 11,9 % des enfants de grande section de maternelle étaient en surpoids et 3,5 % obèses en 2013 ; des chiffres qui s'élevaient à 18,9 % et 4 %, respectivement, chez les enfants de CM2 en 2015 et 17,6 % et 3,9 % chez ceux de 3e en 2009.
Or, « 80 % des enfants en surpoids ou obèses sont suivis par un médecin généraliste », fait remarquer le Dr Éric Drahi, médecin généraliste libéral, coordonnateur médical du réseau Diabolo-Diabète Orléans Loiret et directeur des publications du Collège de la médecine générale. « Celui-ci a donc un rôle majeur à jouer dans le dépistage et la prise en charge précoce des enfants », ajoute-t-il.
Suivre la courbe de corpulence
Première étape : repérer un éventuel surpoids. « Il est important de peser et mesurer l'enfant régulièrement et de tracer sa courbe de corpulence dans le carnet de santé, en présence des parents », précise le Dr Drahi. Un rebond d'adiposité précoce, une ascension continue de la courbe de corpulence (IMC) depuis la naissance ou un changement rapide de couloir vers le haut sont autant de facteurs de risque de développer un surpoids ou une obésité (HAS 2011).
« Il faut ensuite que le médecin donne la parole à l'enfant en lui demandant ce qu'il pense de ces mesures, tout en gardant un œil sur une éventuelle réaction des parents », ajoute le professionnel. Puis viendra le moment d'expliquer à l'enfant à quoi correspondent les différents couloirs de la courbe et de lui demander ce qu'il en pense, s'il se situe en dehors, « tout cela dans un objectif pédagogique », souligne Éric Drahi.
S'intéresser aux représentations
« Dans un second temps, le professionnel devra s'intéresser aux représentations que l'enfant et ses parents ont du poids, à leurs connaissances des problèmes qu'entraînent un surpoids ou une obésité et à ce qu'ils envisagent de faire pour remédier au problème identifié », souligne le coordonnateur du réseau Diabolo. Les informations sur les risques liés au surpoids ou à l'obésité, aussi bien en termes de santé que de qualité de vie, seront alors délivrées.
« Il est également important que le médecin pose systématiquement des questions sur la scolarité de l'enfant », observe le Dr Drahi. Un enfant en surpoids ou obèse peut être l'objet de stigmatisation ou de harcèlement à l'école, aboutissant à un refus d'aller à l'école et/ou à des difficultés scolaires.
La place des écrans dans le quotidien de l'enfant devra également être abordée car ceux-ci diminuent le niveau d'activité physique, entraînent des troubles du sommeil et contribuent à l'isoler du monde extérieur, autant de facteurs favorables à la prise de poids.
Enfin, la question des violences, notamment sexuelles, devra, dans la mesure du possible, être posée car elles peuvent être à l'origine de l'excès de poids.
Travail pluridisciplinaire
Pour la prise en charge, le médecin pourra ensuite s'appuyer, le cas échéant, sur des structures dédiées à la prévention de l'obésité, notamment les Réseaux de prévention et de prise en charge de l'obésité pédiatrique (REPPOP). Dans les territoires dépourvus de telles structures, il devra orienter l'enfant et sa famille vers un diététicien et un psychologue, tout en rappelant la nécessité de pratiquer une activité physique régulière, en famille notamment.
« Mission retrouve ton cap »
Dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de Seine-Saint-Denis et à La Réunion, l'Assurance maladie va mener une expérimentation de prévention à destination des 3-8 ans en surpoids ou à risque d'obésité. Intitulée « Mission retrouve ton cap », elle permettra aux enfants ayant fait l'objet d'un repérage par leur médecin traitant de bénéficier d'une prise en charge pluridisciplinaire à 100 % (diététique, psychologique et d'activité physique) « précoce et adaptée à leurs besoins et à ceux de leur famille ».
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