Dans quelle mesure l’épilepsie est-elle associée à des comorbidités psychiatriques ? C’est à cette question qu’ont voulu répondre des neurologues américains dans une revue de la littérature suivie d’une méta-analyse. Si l’anxiété et la dépression sont bien décrites comme plus fréquentes au cours de l’affection neurologique, peu de revues ont été consacrées aux autres troubles psychiatriques. Pourtant, leur survenue est plus probable en cas d’épilepsie, compte tenu de facteurs de risques partagés incluant neurobiologie, éléments psychosociaux, influences bidirectionnelles, effets médicamenteux et prédispositions génétiques
Dans cette revue, ont été identifiées 10 392 études, parmi lesquelles seules 27 ont rempli les critères d’éligibilité (14 menées en Europe, 10 en Amérique du Nord, deux en Asie-Océanie et une en Amérique latine). La méta-analyse a inclus 565 443 personnes avec épilepsie et 13 434 208 sans.
Citons les vingt comorbidités recherchées : trouble anxieux, anxiété généralisée, phobie spécifique, phobie sociale, agoraphobie, dépression, trouble bipolaire, idées suicidaires, tentative de suicide, trouble psychotique, schizophrénie, trouble obsessionnel – compulsif, trouble du stress post-traumatique (TSPT), troubles du comportement alimentaire, trouble de l’usage de l’alcool, consommation excessive d’alcool, dépendance à l’alcool, trouble de l’usage de substance, trouble du spectre autistique (TSA), trouble avec déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Un parcours de soins à baliser
L’ensemble des troubles étaient plus fréquents en cas d’épilepsie et de façon significative, hormis pour les tentatives de suicide, la consommation excessive d’alcool, l’agoraphobie et la phobie sociale (intervalles de confiance trop larges). La probabilité d’une comorbidité psychiatrique était augmentée d’un facteur 2 pour l’anxiété, 2,45 pour la dépression, 3,12 pour les troubles bipolaires, 3,98 pour les troubles psychotiques, 4,94 pour la dépendance à l’alcool, à plus de 10 pour les TSA et à 3,93 pour le TDAH.
« Ces résultats montrent le poids des comorbidités psychiatriques chez les personnes épileptiques, écrivent les auteurs. Ce qui souligne la nécessité de les identifier précisément et de les traiter pour une prise en charge efficace et une meilleure qualité de vie ». Ce d’autant que les patients épileptiques présentent souvent plus d’une comorbidité psychiatrique, en particulier troubles anxieux et de l’humeur, TDAH et trouble de l’usage de substance. La nature bidirectionnelle de l’association est admise, mais de nombreux points restent à préciser (étiologie commune, risque majoré d’épilepsie ou de crise épileptique en cas de comorbidités psychiatriques, impact de l’association sur l’efficacité médicamenteuse). Les chercheurs plaident pour que le parcours de soins incorpore une évaluation à l’aide d’outils validés et que l’adressage spécialisé (TSPT et addictions) soit balisé pour les neurologues.
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