L’hypothermie thérapeutique fait déjà partie depuis dix ans de l’arsenal des médecins urgentistes, qui réduisent ainsi le risque de séquelle neurologique après un arrêt cardiaque. C’est une variante qui fait bien plus froid dans le dos qui va bientôt être expérimentée pour la première fois chez l’homme par les chirurgiens de l’hôpital presbytérien de Pittsburg, en Pennsylvanie.
L’équipe du Dr Sam Tisherman va ralentir par le froid le métabolisme cellulaire de patients dans un état critique suite à une blessure par balle ou par arme blanche en remplaçant intégralement leur sang par une solution saline. Au cours de cet essai, nommé « Emergency Preservation and Resuscitation for Cardiac Arrest from Trauma (EPR-CAT) », 10 patients admis aux urgences, verront donc leur température corporelle abaissée à 10 °C, réduisant les besoins en oxygène du patient, et donnant ainsi un peu plus de temps aux urgentistes pour traiter leurs lésions avant la mort cérébrale du patient.
Une technique qui fonctionne chez l’animal
Sam Tisherman est un des pères de la méthode EPR de ralentissement des signes vitaux, qu’il a déjà expérimentée chez l’animal avec Peter Rhee, un chirurgien de l’université de l’Arizona. Leurs premiers travaux publiés dans Surgery en 2002 avaient été menés sur des porcs endormis, qui avaient été saignés pour simuler une forte perte de sang consécutive à une blessure.
Leur sang avait ensuite été remplacé par une solution saline froide ou une solution de potassium. Une fois leurs blessures refermées, les animaux étaient progressivement réchauffés, et leurs systèmes sanguins de nouveau irrigué normalement. Au total, les animaux avaient passé 60 minutes en hypothermie et, six semaines plus tard, ils ne présentaient pas de troubles neurologiques. En outre, leurs capacités d’apprentissages demeuraient intactes.
Une expérimentation sur des cas désespérés
Les patients de l’étude EPR-CAT seront sélectionnés selon des critères bien précis : ils devront avoir perdu environ 50 % de leur volume sanguin au moment de leur arrivée aux urgences et avoir subi une blessure au torse. Selon les coordinateurs de l’étude, les urgences de l’hôpital de Pittsburg reçoivent ce genre de patient environ une fois par mois, et leurs chances de survie sont de moins de 7 %. La FDA a considéré que, dans de tels cas l’absence d’alternative thérapeutique pouvait dispenser les expérimentateurs de consentements écrits.
Les artères coronaires de chaque patient seront clampées, et un cathéter sera posé dans l’aorte pour injecter la solution saline. Le seuil de 10 °C de température corporelle devrait alors être atteint en environ 15 minutes. À ce stade, le patient sera cliniquement mort.
Les chirurgiens disposeront de deux heures pour réparer la blessure, puis le corps du patient sera reperfusé avec du sang réchauffé. Si son ECG reste plat, il bénéficiera d’une phase de réanimation. Les états cliniques de ces dix patients seront ensuite comparés à ceux de dix autres, admis dans les mêmes conditions mais qui n’auront pas bénéficié de la technique EPR. La technique sera modifiée en fonction de ces premiers résultats, puis des nouvelles séries de dix patients seront recrutées jusqu’à ce qu’il y ait suffisamment de résultats à analyser.
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