Face à un tableau clinique évocateur de la maladie d'Alzheimer, les outils diagnostiques d'imagerie sont encore peu développés. Un nouveau radiomarqueur, le [ 18F] flortaupicir pourrait changer la donne. Avec une sensibilité et une spécificité de l'ordre de 90 % il s'est révélé supérieur aux techniques IRM classique.
La recherche de biomarqueurs fiables de la maladie d'Alzheimer (MA) relève du casse-tête. Une des pistes est de visualiser, chez le patient, les plaques β amyloïdes caractéristiques de cette pathologie mais celles-ci sont aussi présentes chez les sujets sains et, à des taux élevés, chez des patients souffrant d'autres maladies neurodégénératives.
Le radiotraceur [18F] flortaupicir, expérimenté pour la première fois en 2015 sur des tissus post mortem pourrait permettre de contourner ce problème. Il ne se fixe en effet pas aux peptides β amyloïdes, mais à leurs agrégats : les paires de filaments β amyloïdes en hélice, bien plus spécifiques de la pathologie. Des résultats préliminaires publiés dans le « JAMA » montrent que l'utilisation de ce radiotraceur lors d'un PET-scan garantit une bonne sensibilité et une discrimination meilleure que celle obtenue par des techniques d'imagerie volumique classiques.
L'équipe dirigée par le Pr Oskar Hansson, de l'université suédoise de Lund, a recruté 719 participants : 160 volontaires contrôles non malades (près d'un quart était positif pour la présence de peptides β amyloïdes), 126 patients présentant des troubles cognitifs légers (dont les 2 tiers seulement liés à une maladie d'Alzheimer), 179 patients ayant une maladie d'Alzheimer plus avancée et 254 patients présentant diverses formes de démence non causée par la MA.
Supérieur à l'IRM
En utilisant un seuil de valeur de fixation normalisée de 1,34 fondé sur les observations réalisées chez les volontaires sains, les chercheurs ont obtenu une sensibilité de 89,9 % et une spécificité de 90,6 %. Les auteurs notent toutefois une moindre efficacité du test dans le groupe de patients souffrant de troubles cognitifs légers.
Par ailleurs, l'aire sous la courbe sensibilité/spécificité de ce test diagnostique est comprise entre 0,92 et 0,95. Cela signifie qu'un patient souffrant de la maladie d'Alzheimer soumis à un PET-scan a 92 à 95 % de chances d'avoir un taux d'absorption du marqueur [18F] flortaupicir supérieur à un celui d'une personne non malade. Cette aire sous la courbe est supérieure à celle de 3 techniques d'IRM volumique classiquement employées dans l'exploration de la maladie d'Alzheimer (qui vont de 0,63 à 0,75).
« Ces résultats suggèrent que le flortaupicir pourrait être utilisé avant que ne se manifestent les anomalies structurales visibles sur l'IRM », estiment les auteurs. Ils reconnaissent toutefois le possible biais de sélection de leur étude, et plaident pour l'évaluation de l'intérêt du [18F] flortaupicir dans une population plus représentative.
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