L’AMYGDALE, qui est un noyau pair situé dans la région antéro-interne du lobe temporal au sein de l’uncus hippocampique, fait partie du système limbique. La seule chose qu’on savait, jusqu’ici, des différences sexuelles au niveau de cette formation cérébrale est que la taille de l’amygdale médiane est plus importante chez les adultes de sexe masculin. L’équipe de Margaret McCarthy va aujourd’hui plus loin. Ces chercheurs ont d’abord découvert que l’amygdale de rates nouveau-nées présente, au 4e jour après la naissance, davantage de nouvelles cellules que les mâles. Par ailleurs, l’administration d’un agoniste non sélectif des récepteurs CB1/2 aux cannabinoïdes (le WIN) abolit cette différence, ce qui suggère le rôle de ces derniers dans la prolifération cellulaire plus importante observée chez les femelles.
La densité cellulaire.
Afin de déterminer lequel des deux récepteurs (CB1 ou CB2) est impliqué dans cette action, les auteurs ont associé au traitement par le WIN un antagoniste de chacun des récepteurs. Ils observent que seule la co-perfusion du WIN et de l’antagoniste du récepteur CB2 (AM-630) annule la réduction de la densité cellulaire induite par le WIN chez les femelles, ce qui suggère que la prolifération cellulaire dans l’amygdale médiane des rates est réprimée par l’activation du récepteur CB2.
Comment s’explique la prolifération cellulaire plus importante au niveau de l’amygdale au cours du développement des rates ? La découverte d’un contenu plus important en deux endocannabinoïdes, l’AEA (N-arachidonyléthanolamine ou anandamide) et le 2-AG (2-arachidonoylglycérol) chez les mâles au début de la vie, et, en parallèle, de taux plus élevés des enzymes de dégradation de l’AEA (FAAH) et du 2-AG (MAGL) chez les femelles précise l’origine de la différence de prolifération cellulaire entre les deux sexes, à savoir un catabolisme plus important des endocannabinoïdes dans le sexe féminin.
En utilisant deux marqueurs, le BrdU et le GFAP (Glial Fibrillary Acidic Protein, un marqueur des astrocytes matures), les auteurs ont ensuite réussi à montrer que les cellules nerveuses intéressées dans la prolifération cellulaire plus marquée chez les rates nouveau-nées étaient des astrocytes. Une analyse en microscopie confocale avec le marqueur neuronal NeuN montre, en outre, que la densité neuronale, quant à elle, n’est pas affectée par le sexe.
Une masculinisation par un agoniste.
Enfin, la réalisation d’une épreuve « open-field » montre, de façon étonnante, une « masculinisation » du comportement des jeunes rates après traitement par l’agoniste WIN en ce sens qu’on observe, chez elles, un allongement des périodes passées à jouer. Dans ce test, les rats mâles passent davantage de temps à jouer que les femelles. Par contre, le traitement WIN n’a aucun effet sur l’anxiété ou les réponses locomotrices, également explorées par l’open-field.
Les travaux américains apportent donc une mine d’informations sur les différences sexuelles au niveau de l’amygdale médiane : celles-ci sont sous le contrôle de la voie de signalisation des endocannabinoïdes (activation du récepteur CB2 plus importante chez les mâles) et elles résultent d’une prolifération astrocytaire plus marquée chez les rates, alors que la neurogenèse est comparable dans les deux sexes. Les auteurs estiment qu’il serait intéressant, désormais, d’explorer l’action des hormones gonadiques sur le système cannabinoïde endogène et sur la genèse des cellules nerveuses afin de resituer cette découverte dans le contexte de l’organisation des différences sexuelles au cours du développement cérébral.
DL Krebs-Kraft, MM McCarthy et coll. Sex difference in cell proliferation in developing rat amygdala mediated by endocannabinoids has implications for social behavior. Proc Natl Acad Sci USA (2010). Publication en ligne.
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