« Comme dans tous les types d'imagerie, il a été demandé aux radiologues aidés de la technique de voir les anomalies puis de les caractériser », rappelle la Dr Myriam Edjlali-Goujon. Le développement des nouvelles séquences d'IRM a permis de nombreuses évolutions dans la caractérisation des lésions. Perfusion, diffusion et spectroscopie, qui font désormais partie de la palette d’outils disponibles en routine, permettent par exemple de préciser le caractère bénin ou malin d'une tumeur, ce qui guide sa prise en charge et peut éviter des exérèses inutiles. « Nous avons dans ce domaine travaillé en étroite collaboration avec les anatomopathologistes, les cliniciens et les chirurgiens, souligne la Dr Edjlali-Goujon, mais un pas de plus est aujourd'hui franchi avec la prédiction de l'évolution des lésions ».
Dans l'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, il est désormais possible de dater le début de l'ischémie en IRM, ce qui est d'un apport majeur dans le choix thérapeutique face à un AVC du petit matin. Il est également possible de prédire l'utilité du traitement grâce à l'imagerie de mismatch, qui évalue les possibilités de récupération du tissu cérébral après levée de l'occlusion.
Dans des contextes non aigus, comme l'anévrisme intracrânien de découverte fortuite chez l'adulte (4 % des adultes sont porteurs d'une telle lésion), les recherches actuelles visent à mieux affiner le risque de rupture et à proposer la prise en charge la plus adaptée à un patient donné. La réalisation d'un geste préventif sur un anévrisme intracrânien de découverte fortuite est en effet associée à une morbimortalité de 3 à 10 %, ce qui est loin d'être négligeable. À l’opposé, la surveillance expose à un risque de rupture de 1 % par an, avec alors un risque de décès de 50 %. « La mise en évidence d'un rehaussement de la paroi d'un anévrisme intracrânien est un nouveau marqueur d’instabilité, témoignant probablement de l’inflammation de la paroi anévrysmale, et pourrait être facilement appliquée en routine pour mieux préciser le risque de rupture et pour évaluer le rapport bénéfice/risque de la surveillance des anévrismes de petite taille (< 7 mm) par rapport au geste », indique la Dr Myriam Edjlali-Goujon. Encore du domaine de la recherche en neuroradiologie, l'IRM de flux 4D, largement utilisée en imagerie cardiovasculaire, devrait à terme encore affiner cette prédiction du risque de rupture.
Autre domaine d’application : la détermination de la réponse au traitement lors du suivi des lésions tumorales. « Aujourd'hui la réponse au traitement est estimée essentiellement sur l'évolution de la taille de la lésion. Mais les nouvelles techniques, notamment la perfusion, le T2 mapping, vont permettre de juger de la réponse sur d'autres critères, d'évolution plus précoce. Il sera donc le cas échéant possible de ré-orienter dans un délai plus court vers un traitement de deuxième ligne un patient dont la réponse sera jugée comme insuffisante ».
D'après un entretien avec la Dr Myriam Edjlali-Goujon, centre hospitalier Sainte-Anne, Paris
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