Dans le diagnostic de la maladie d’Alzheimer, la mesure dans le sang des niveaux d’une forme de la protéine Tau phosphorylée, appelée p-tau217, pourrait être aussi précise que l’examen du liquide céphalorachidien (prélevé par ponction lombaire) actuellement utilisé. Les performances du test utilisé dans l’identification des pathologies anormales de l’amyloïde β (Aβ) et de la protéine Tau semblent même supérieures aux évaluations de l’atrophie cérébrale.
Ces conclusions sont tirées d’une étude publiée dans Jama Neurology sur l’évaluation d’un test déjà commercialisé, l’ALZpath p-tau217. Pour mesurer ses performances, les auteurs se sont appuyés sur les données de trois cohortes d'observation monocentriques*. Au total, 786 participants (âge moyen de 66,3 ans ; 64,1 % de femmes) ont été inclus.
Un test sanguin qui « surpasse » l’IRM
Le test sanguin a montré une précision diagnostique élevée dans l’identification de niveaux élevés de bêta-amyloïde (jusqu’à 96 % de précision) et de protéine Tau (jusqu’à 97 %). Le test a ainsi « surpassé » l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et a montré des « performances comparables » à celles des biomarqueurs du liquide céphalorachidien pour détecter la positivité de l’Aβ et de la Tau, poursuivent-ils. Les résultats suggèrent aussi la pertinence de mesurer régulièrement les niveaux de p-tau217 pour suivre l’évolution de la maladie.
Par ailleurs, le recours à des examens invasifs et coûteux pourrait être réduit de 80 % par une approche en trois groupes. « Environ 20 % des individus se trouvaient dans une zone intermédiaire (positifs pour l’amyloïde β et négatifs pour Tau, NDLR) qui nécessiterait une confirmation par un examen du liquide céphalorachidien ou par tomographie par émission de positons (TEP) », soulignent les auteurs. Seuls ces patients réclameraient un examen complémentaire, tandis que le test serait suffisant pour les cas complètement négatifs ou complètement positifs.
Un premier pas vers une prise en charge précoce
« Cette étude est un pas extrêmement bienvenu, car elle montre que les analyses de sang peuvent être tout aussi précises que des tests plus invasifs et plus coûteux », commente Richard Oakley, directeur de la recherche et de l'innovation à l’Alzheimer’s Society, sur le Science Media Center. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats auprès d’autres catégories de patients, ajoute-t-il.
« Les personnes atteintes de démence sont souvent confrontées à des délais inacceptables pour obtenir un diagnostic, et avec de nouveaux traitements enfin à l’horizon, il n’a jamais été aussi important de transformer la façon dont les personnes présentant des symptômes potentiels de la maladie d’Alzheimer sont diagnostiquées », complète la Dr Sheona Scales, directrice de la recherche au sein de l’Alzheimer’s Research UK.
*Les cohortes « Translational Biomarkers in Aging and Dementia » (TRIAD), « Wisconsin Registry for Alzheimer’s Prevention » (WRAP) et « Sant Pau Initiative on Neurodegeneration » (SPIN).
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