LE SIMPLE de fait de vieillir n’explique pas les petits troubles de la mémoire. Le vieillissement n’en est pas responsable. Ces discrètes modifications mnésiques, bien plus fréquentes que les démences en prenant de l’âge, semblent bel et bien le fait de lésions cérébrales similaires à celles de maladies neurodégénératives de type Alzheimer. Ce sont des médecins du Rush University Medical Center, à Chicago, qui sont parvenus à ce constat, rapporté dans « Neurology » du 15 septembre.
Robert S. Wilson et son équipe ont mené leur enquête auprès d’une population quelque peu originale. Il s’agissait de 350 sœurs, prêtres et frères enrôlés dans la « Rush’s Religious Order Study ». Ces religieux ont été suivis pendant 13 ans au cours desquels ils satisfaisaient annuellement à un test cognitif. Après leur décès un examen anatomo-pathologique du cerveau était réalisé. Il recherchait essentiellement des lésions évocatrices de démence : amas de neurofibrilles, lésions vasculaires et corps de Lewy.
Forte densité d’amas neurofibrillaires.
Ensuite, la clinique a été confrontée à l’histologie. Cliniquement un constat était fait : lorsque les 4 à 5 dernières années de vie montraient un déclin rapide, elles étaient précédées d’un affaiblissement cognitif graduel plus marqué que l’âge ne le laissait supposer. La superposition aux coupes anatomiques a tout d’abord apporté une confirmation : il existait bien une relation anatomo-clinique avec le déclin cognitif rapide. Ensuite, une surprise : l’histologie était également corrélée à la perte cognitive modérée. Quels que soient les niveaux d’atteinte, il existait une forte densité d’amas neurofibrillaires. L’existence de corps de Lewy et d’accidents vasculaires doublait à peu près le taux de déclin mnésique progressif. A l’inverse, l’absence de perte cognitive était associée à l’absence de lésions cérébrales.
Pour les chercheurs, la maladie d’Alzheimer et autres troubles apparentés sont le terreau de la quasi-totalité des déclins cognitifs et mnésiques liés à l’âge. Ils ajoutent que ces lésions ne sont pas seules en cause, d’autres facteurs jouent, agissant sur la vulnérabilité des individus à ces affections. Les pathologies cérébrales de type Alzheimer ou autres auraient donc un impact plus important qu’on ne le pensait sur la cognition et la mémoire.
L’intérêt de ce travail outre son aspect fondamental est d’envisager un dépistage encore plus précoce des maladies neurodégénératives. Dès les premiers troubles de la mémoire un diagnostic deviendrait possible, suivi d’un éventuel traitement susceptible d’en ralentir l’évolution.
Le Rush Alzheimer’s Disease Center, où a été réalisé ce travail, est dédié à la réduction des handicaps dus à la maladie d’Alzheimer et autres affections liées à l’âge.
Neurology, 15 septembre 2010.
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