LE DÉCLIN COGNITIF est un continuum commençant pendant vingt à quinze ans avant le diagnostic éventuel de MA (Bronx Aging Study) qui doit associer selon les critères diagnostiques : un déclin cognitif progressif touchant plusieurs domaines cognitifs et ayant un retentissement dans les actes de la vie quotidienne.
Le premier signe est une plainte de mémoire ; certains (B. Reisberg) ont appelé cela le trouble cognitif subjectif (SCI : subjective cognitive Impairment). Le patient sait qu’il n’a plus les mêmes performances qu’avant, mais reste dans les normes aux tests et il continue à se plaindre.
Selon H. Amieva et PAQUID, il y a un premier déclin cognitif décelable par certains tests douze ans avant sur des performances de mémoire sémantique (test de fluence verbale ou test d’Isaac) et sur le score de dépression.
Deux ans après, un déficit plus global s’installe (MCI hippocampique ou multiples domaines), avec une augmentation de la plainte de mémoire et de la dépression.
Petersen à Las Vegas au CTAD 2009 a différencié le MCI précoce (EMCI) du tardif (LMCI), qui correspondent en fait à une maladie d’Alzheimer à un stade prodromal.
Deux ans plus tard, en conséquence de cette baisse cognitive, le sujet devient légèrement dépendant, pour des activités les plus élaborées de la vie quotidienne. Les trois dernières années sont marquées par une aggravation jusqu’à ce que le sujet remplisse les critères diagnostiques de MA.
Suivi et bilan.
Qui faut-il suivre et à qui proposer un bilan mémoire ? C’est le suivi au long cours d’un sujet qui permet de déceler un déclin. Le médecin généraliste devrait suivre ses patients qui se plaignent en quantifiant leur plainte et l’aggravation de la plainte est un signe d’alerte ; il peut alors faire un MMS, une évaluation de la fluence verbale (set test) ou adresser le sujet dont la plainte s’aggrave en consultation mémoire pour avoir un bilan initial. La dépression n’est pas un critère excluant une évolution vers une MA, au contraire.
Que conseiller ou prescrire aux patients ? Faire une ordonnance de prévention : on peut pendant l’interrogatoire compléter le score de CAIDE et prescrire une prévention adaptée au sujet.
Facteurs de risque, facteurs protecteurs.
Les principaux facteurs de risque de la MA sont :
- l’âge,
- le gène Apo E4,
- des antécédents familiaux de MA,
- un antécédent de traumatisme crânien,
- un événement de vie grave avant l’âge de 16 ans,
- une dépression,
- l’incidence à la moitié de la vie d’un terrain vasculaire incluant différentes pathologies : une hypercholestérolémie, une HTA, un diabète, un tabagisme, une insuffisance respiratoire, un alcoolisme.
Les facteurs protecteurs sont :
- un niveau d’éducation supérieur,
- la nutrition : antioxydants, poisson 2 à 3 fois par semaine, fruits et légumes,
- une vie sociale active,
- une vie intellectuelle riche,
- une activité physique régulière (au moins 2 fois par semaine plus d’une heure ou 3 fois une demi-heure). La danse a été identifiée dans plusieurs études épidémiologiques comme facteur protecteur,
- une consommation régulière mais faible d’alcool.
- les antioxydants.
Le questionnaire de risque : le CAIDE Dementia Risk score.
On peut proposer aux médecins généralistes qui rassurent les patients après un test ou un bilan mémoire, qu’ils aient une attitude positive surtout chez les moins de 70 ans et en fonction du score total de risque.
On peut proposer de revoir les patients à un an et de leur faire une ordonnance de prévention pour corriger les risques existants.
Prévention.
La prévention de cette maladie passe par la diminution des facteurs de risque sur lesquels on peut encore agir, sous forme d’ordonnance de prévention :
- traiter l’HTA systolique,
- traiter l’état dépressif s’il est majeur ou caractérisé,
- traiter l’hypercholestérolémie,
- prescrire une activité physique au moins 3 fois par semaine (1 heure) ou de la danse,
- rectifier la nutrition : conseiller fruits et légumes : au moins 5 différents par jour, plus de poisson (2 à 3 fois par semaine), un régime méditerranéen,
- donner un traitement symptomatique,
- conseiller une vie active intellectuellement et socialement riche, et surtout la rupture de l’isolement, quand c’est possible.
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