Commotions cérébrales dans le sport : les outils diagnostiques ne sont pas assez utilisés, selon l’Académie

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Publié le 17/03/2025
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En complément des recommandations du ministère des Sports pour la détection et la prise en charge des commotions cérébrales liées au sport (mars 2024), l’Académie appelle à mieux former aux outils de diagnostic validés et à développer les recherches sur les conséquences de long terme.

Crédit photo : Frank Franklin II/AP/SIPA

Environ 5 à 9 % de tous les traumatismes liés à la pratique du sport sont des commotions cérébrales (CC). Et, 30 % de ces lésions concernent les 5-19 ans. Mais, ces données de prévalence sont probablement « très largement sous-estimées », estime l’Académie de médecine, qui alerte sur un « vrai problème de santé publique », alors que les CC, tout comme les impacts crâniens sous-commotionnels répétés, peuvent avoir des conséquences de long terme sur la santé : maladies neurodégénératives, encéphalopathie chronique traumatique, sclérose latérale amyotrophique ou maladie d’Alzheimer.

En France, le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques avait publié en mars 2024 des recommandations pour la détection et la prise en charge des CC liées au sport. Mais, cette position laisse de côté de nombreuses questions sur les critères du diagnostic, le suivi de la récupération des fonctions neurologiques, les conditions de retour en compétition, les effets sur le système nerveux central, la santé mentale et l’incidence de maladies neurodégénératives, regrette l’Académie.

Le diagnostic des CC, une « démarche complexe »

Pour combler ces lacunes, le rapport émet plusieurs recommandations, appuyées sur le consensus international établi en 2022 par le Groupe d'études des commotions liées au sport (CISG). Il s’agit d’abord d’améliorer le diagnostic, qui reste une « démarche complexe », en raison de l’absence de test validé et de signes non spécifiques (céphalées, cervicalgies, changements d’humeur, fatigue, vertiges, altérations de la vision) qui peuvent apparaître à distance de l’impact initial, ou ne pas être reconnus par le patient.

Sur le terrain, les professionnels de santé peuvent s’appuyer sur les outils de diagnostic publiés : le SCAT6 (Sports Concussion Assessment Tool) chez l’adulte et le child SCAT6 chez les enfants et les adolescents. « Ces protocoles incluent des tests d’évaluation des fonctions cognitives qui doivent être administrés selon un protocole précis, dans une pièce au calme, sans perturbation de l’environnement », précise l’Académie.

À distance de l’accident, le SCOAT6 (Sport Concussion Office Assessment Tool 6), utilisable du 3e au 30e jour après l’impact initial, permet de détecter l’apparition éventuelle de nouveaux signes cliniques, cognitifs ou psychosensoriels, ou de suivre la récupération des déficits fonctionnels. Les médecins généralistes et les médecins du sport doivent être formés à l’utilisation de ces outils, plaide l’Académie.

La formation au repérage des signes de CC doit aussi concerner les non-professionnels de santé, et en particulier les entraîneurs et les étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). L’Académie préconise une formation obligatoire au protocole proposé par le CISG, le CRT6 (Concussion Recognition Tool 6). Pour les sports les plus à risque, les professionnels impliqués dans la préparation physique sont aussi à sensibiliser sur l’importance du renforcement des muscles fixateurs de la tête.

Pour un meilleur suivi avant la reprise de l’entraînement

Pour la prise en charge, l’Académie souhaite la mise en place d’un « réseau de téléconsultation » pour l’aide au diagnostic initial, mais surtout pour le suivi post-commotionnel. Il s’agit là encore de s’appuyer sur les programmes validés par le CISG pour accompagner les patients vers un retour progressif à l’entraînement. L’Académie encourage les fédérations sportives à s’impliquer pour « donner aux instances médicales des fédérations les moyens de suivre les cas de CC des licenciés » et pour « proposer des programmes de reprise progressive de l’entraînement ». Pour les sports à risque d’impacts sous-commotionnels répétés, les fédérations sont également invitées à étudier « la tolérance et la mise en place, au moins à l’entraînement, de protections intrabuccales, si possible individualisées. »

Des recherches sont par ailleurs à mener pour l’amélioration du diagnostic via des biomarqueurs et de nouveaux outils d’imagerie médicale pratique. Autres points à approfondir : la physiopathologie des conséquences à long terme des CC et des impacts sous-commotionnels répétés, et les relations entre l’exposition aux impacts et les risques de pathologies neurodégénératives.


Source : lequotidiendumedecin.fr