Paracétamol, morphine, antibiotiques, antiarythmiques, hormones, produits anesthésiants, anti-infectieux, insuline, antiépileptiques… Après la France, l’Europe vient à son tour de se doter d’une liste de médicaments critiques.
200 médicaments recensés
Élaborée par la Commission européenne, en collaboration avec l’Agence européenne des médicaments (EMA) et les chefs des agences du médicament (CAM), cette liste avait été promise par la Commission européenne fin avril lors de la révision de la législation pharmaceutique de l'UE dans le cadre de la lutte contre les pénuries. Couvrant un large éventail de domaines thérapeutiques (y compris dans le champ des vaccins et des maladies rares), elle recense plus de 200 substances actives jugées essentielles pour les systèmes de santé européens et pour lesquels la continuité de l’approvisionnement est une priorité.
« Un médicament critique est identifié en combinant deux critères, la gravité de la maladie qu'il cible et la disponibilité d’alternatives thérapeutiques », précise l'EMA dans un communiqué.
Un outil pour lutter contre les pénuries
Présenté comme un « outil important pour soutenir les efforts de l'UE pour assurer la sécurité de l'approvisionnement et pour prévenir les pénuries de médicaments critiques », ce répertoire sera étendu en 2024 puis mis à jour chaque année.
« Même si la liste elle-même ne réduit pas le risque immédiat de pénurie, elle définit les médicaments qui nécessitent des mesures supplémentaires pour renforcer leur approvisionnement et éviter les pénuries à l’avenir », souligne l'EMA.
Elle ne préfigure en rien l’état actuel des stocks des médicaments recensés, lesquels « peuvent continuer à être prescrits et utilisés comme d’habitude par les patients et les professionnels de santé ».
Elle n'aura pas d'impact non plus sur les listes déjà établies par certains États membres, comme la France qui, en juin dernier, a présenté une liste évolutive de près de 450 médicaments jugés essentiels. En revanche, elle pourra apporter une contribution à la rédaction de listes dans les pays qui n'en ont pas encore.
Pour mieux anticiper les crises, la stratégie européenne envisage aussi d'autres mesures telles que la constitution de stocks, la diversification des chaînes d'approvisionnement, la mise en place de flexibilités réglementaires « pour permettre aux patients d'accéder rapidement aux médicaments » en prolongeant la durée de conservation ou en autorisant plus vite les génériques. Fin octobre, il a également été annoncé le lancement d'un « mécanisme européen de solidarité volontaire » qui permettra à un État membre confronté à une pénurie de se tourner vers ses voisins pour qu'ils lui redistribuent un médicament qu'ils ont en stock.
Des pénuries de plus en plus fréquentes
Depuis quelques années, les ruptures de stock ou tensions d'approvisionnement sur certains médicaments touchent de plus en plus les pays de l'Union européenne, notamment lors de la saison hivernale. L’an dernier, à cette époque, près de 70 % des officines françaises se déclaraient en pénurie d’amoxicilline pédiatrique, par exemple. Et comme l'expliquait alors Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), au Quotidien du médecin : « entre janvier 2022 et janvier 2023, les pénuries de médicament ont été multipliées par deux ».
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