Il serait possible de contrer les effets du travail de nuit sur la santé cardiovasculaire en adoptant un rythme alimentaire circadien normal, c’est-à-dire avec des repas pris en journée et un jeûne nocturne. Telles sont les conclusions d’une petite étude randomisée menée au centre d’investigation clinique au Brigham and Women’s Hospital de Boston.
On estime qu’environ 15 % des employés des pays industrialisés travaillent de nuit, ce qui augmente leur risque cardiovasculaire. Plusieurs études randomisées ont ainsi montré qu’un dérèglement circadien perturbe la pression artérielle sur une période de 24 heures et réduit l’activité du nerf vagal. L’une des hypothèses est que l’impact cardiovasculaire du travail de nuit est en partie lié à la prise de repas pendant la nuit. L’étude française NutriNet-Santé avait ainsi mis en évidence que la prise de repas tard dans la nuit (entre 21 heures et 8 heures du matin) était associée à un risque cardiovasculaire plus élevé. De plus, des études précliniques semblent indiquer qu’un régime alimentaire respectant un cycle circadien avec repas diurnes et jeûne nocturne peut, au contraire, maintenir une bonne santé cardiaque. D’où l’idée de se servir du rythme alimentaire pour contrebalancer les effets délétères du travail posté.
Une simulation en laboratoire
L’étude américaine portait sur 19 volontaires (7 femmes et 12 hommes) jeunes (26,5 ans en moyenne) et plutôt en bonne santé générale avec un indice de masse corporelle moyen de 22,7. Répartis en deux groupes, les participants de l’étude ont suivi un protocole de 14 jours dans un laboratoire, où ils simulaient les effets d’un travail de nuit en restant éveillés la nuit avec des périodes de position debout imposées. Avant cela, les deux groupes ont d’abord suivi une période de référence avec simulation de travail le jour et repas diurnes.
Ensuite chaque groupe a suivi son protocole de simulation de travail nocturne : le groupe témoin avec repas diurnes et nocturnes, selon le rythme typique des travailleurs postés, le groupe d'intervention avec repas diurnes et jeûne nocturne.
Selon les données publiées dans Nature Communications, l’heure des repas avait un effet significatif sur l’activité parasympathique : une mesure spécifique, le pNN50 (pourcentage d'intervalles R-R successifs différant de plus de 50 ms), était diminuée de 25,7 % lors du passage en travail de nuit dans le groupe contrôle, alors qu’il ne changeait pas dans le groupe avec repas diurnes. Même constat pour deux autres marqueurs de la variabilité du rythme cardiaque.
Les chercheurs ont également constaté que les pressions systoliques et diastoliques diminuaient après le passage en travail de nuit pour le groupe repas diurnes et ne changeaient pas dans le groupe témoin. Il est à noter que l’intervention sur l’heure des repas n’a pas modifié le rythme de sommeil, qui était identique dans les deux groupes.
Pris ensemble, ces résultats constituent « des preuves d’une diminution des facteurs de risque cardiovasculaire associée à la prise de repas pendant la journée par des personnes travaillant de nuit », concluent les auteurs. « L’exposition à un travail de nuit simulé avec des repas diurnes réduit l’inhibition de l’activité parasympathique, cette dernière étant considérée comme cardioprotectrice », ajoutent-ils. Pour confirmer ces résultats, des études cliniques sur des effectifs plus larges sont nécessaires, « si possible menés en vie réelle », ajoutent les auteurs.
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