Interrompre la distribution d'ocytocine pendant le travail des parturientes n'a pas d'impact sur la morbidité néonatale, met en évidence une étude multicentrique et randomisée française.
Ce travail, réalisé par l’équipe de la maternité de l’hôpital Cochin – Port Royal AP-HP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité, et financé par le PHRC national, est publié dans The Lancet ce 9 novembre.
L'ocytocine est reconnue pour son efficacité dans la réduction de la durée du travail lors de l’accouchement, en augmentant la fréquence et l'intensité des contractions utérines mais son utilisation peut être associée à des complications tant pour le fœtus que pour la mère. En outre, plusieurs instances comme le Conseil national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), la Société française de médecine périnatale ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS) plaident depuis quelques années pour un moindre recours à cet ocytocique de synthèse, du moins, à moins de systématicité, pour une moindre médicalisation de l'accouchement.
Interruption au-delà d'une dilation supérieure ou égale à 6 cm
L'essai Stopoxy, coordonné par la Dr Aude Girault et la Pr Camille Le Ray, avec le soutien du groupe de recherche en obstétrique et gynécologie français (Grog) a été mené dans 21 maternités en France dont trois maternités de l'AP-HP ; 2 173 participantes ont été incluses entre le 13 janvier 2020 et le 24 janvier 2022.
Les femmes ont reçu de l'ocytocine avant d'atteindre une dilatation de quatre centimètres et étaient ensuite randomisées en deux groupes. Dans le premier groupe (groupe ocytocine discontinue), l’administration d'ocytocine était interrompue au-delà d'une dilatation égale ou supérieure à six centimètres ; dans le second groupe (groupe ocytocine continue) l'ocytocine était administrée jusqu'à l'accouchement.
Le critère de jugement principal était la morbidité néonatale, évaluée à la naissance à l'aide d’un critère composite comprenant un pH artériel ombilical à la naissance inférieur à 7,10, un excès de base supérieur 10 mmol/L, des lactates artériels supérieurs à 7 mmol/L, un score d'Apgar à cinq minutes inférieur à sept*, ou une admission en unité de soins intensifs néonatale.
La morbidité néonatale est survenue pour 102 (9,6 %) des 1 067 participantes dans le groupe discontinu et pour 101 (9,2 %) des 1 103 participantes dans le groupe ocytocine continue.
Cet essai n’a ainsi pas mis en évidence une différence significative de morbidité néonatale chez les participantes pour lesquelles l'ocytocine a été arrêtée par rapport à celles recevant de l'hormone de synthèse en continu, concluent les autrices.
* Outil permettant d’évaluer chez un nouveau-né cinq grandes fonctions vitales : le rythme cardiaque, le rythme respiratoire, le tonus, la coloration cutanée et la réactivité aux stimulus, cotées de zéro à deux de façon répétitive aux première, troisième, cinquième et dixième minutes qui suivent la naissance.
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