L’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) rebattra-t-il les cartes ? Alors que le vaccin haute dose Efluelda de Sanofi n’était pas disponible cette année en France, l’instance le repositionne sur le devant de la scène pour lutter contre la grippe saisonnière. Dans une recommandation publiée ce 9 mai, l’institution estime qu’il doit être privilégié aux vaccins grippaux injectables standard pour les personnes âgées de 65 ans et plus, au même titre que le vaccin adjuvanté Fluad (Vifor France). Une position qui rejoint celles de l’Académie de médecine ou de la Société française de gériatrie et de gérontologie, qui avaient dénoncé cet hiver l’arrêt de la commercialisation de l’Efluelda, faute d’accord sur le prix entre le laboratoire et les autorités.
Selon Santé publique France, l’épidémie de grippe de l’hiver 2024-25, deux semaines plus longue que la moyenne des précédentes années, a particulièrement frappé les plus de 65 ans et serait à l’origine de 20 000 hospitalisations après passage aux urgences (10 000 de plus qu’en 2023-24) chez les seniors. Bien que les chiffres ne soient pas consolidés, il a été enregistré un excès de mortalité de 14 000 décès concernant principalement des personnes de 65 ans et plus, lors de cette dernière saison.
C’est dans ce contexte que la HAS s’est autosaisie en février 2025 afin de requestionner la place des vaccins Elfuelda et Fluad dans la stratégie vaccinale des personnes âgées de 65 ans et plus. Alors que l’efficacité vaccinale du vaccin standard était de 38 % chez les seniors (en 2023-2024) et de moins de 30 % cette année selon le bilan provisoire, ces deux vaccins, le premier parce qu’il est quatre fois plus dosé en antigènes, le second, en raison de l’adjuvant MF59, ont été conçus pour augmenter la réponse immunitaire chez les plus vulnérables.
Réduction du nombre d’hospitalisations et de cas de grippe
La HAS fonde sa recommandation sur les nouvelles données de la littérature montrant la capacité de ces deux vaccins à réduire le nombre d'hospitalisations chez les personnes âgées ainsi que le nombre de cas de grippe confirmés en laboratoire (réduction entre 15 et 25 % selon les études par rapport aux vaccins standards). Le gain d'efficacité de ces vaccins par rapport aux standards pourrait se traduire chaque année par une réduction des hospitalisations pour grippe chez les seniors estimée entre 750 et 8 410 et une baisse des consultations allant de 4 500 à 24 290.
La HAS a aussi pris en compte les données de pharmacovigilance et de tolérance disponibles ainsi que les données internationales qui retrouvent une recommandation préférentielle pour ces vaccins haute dose (HD) ou adjuvantés dans 10 pays dont le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Canada. Pour rappel, Efluelda et Fluad disposent d’une autorisation de mise sur le marché, respectivement pour les personnes de 60 ans et plus et 50 ans et plus.
En revanche, la HAS n’émet pas de préférence entre les deux vaccins, HD et adjuvanté, « en l’absence de conclusion possible quant à la comparaison de l’efficacité vaccinale entre eux ».
La balle est désormais dans le camp de la commission de la transparence de la HAS, qui doit rendre deux avis relatifs au remboursement, et de la commission d’évaluation économique et de santé publique qui remettra un avis médico-économique sur Efluelda. C’est là que le bât avait blessé l’an dernier : Sanofi avait choisi d'arrêter la commercialisation du vaccin HD en renvoyant la responsabilité aux autorités sanitaires que le laboratoire accusait d'avoir fixé un prix trop bas. Les autorités arguaient que son efficacité n’était guère supérieure aux vaccins classiques. Cette nouvelle recommandation marque donc un changement de taille.
En conclusion, la HAS insiste sur la nécessité d’augmenter la couverture vaccinale antigrippale chez les personnes âgées de 65 ans et plus, insuffisante par rapport à l’objectif de 75 % fixé par l'Organisation mondiale de la santé. Et appelle à renforcer la vaccination antigrippale des professionnels de santé.
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