Dans le 2e arrondissement de Lyon, le service de santé au travail Agemetra a initié une filière multidisciplinaire pour le dépistage de l’endométriose. Elle vise à repérer les patientes, les orienter dans le système de soin et leur proposer des adaptations sur leur lieu de travail.
« Les médecins du travail ont été mentionnés dans le livre Blanc « endométriose et emploi » de l’association EndoFrance et dans le plan gouvernemental comme étant des acteurs de recours dans cette maladie. C’est logique, car nous avons la possibilité et la chance d’intervenir en prévention et sur le lieu d’exercice des patientes », souligne le Dr Philippe Campana, médecin du travail à l’Agemetra à Lyon, un service de santé au travail interentreprises.
Questions systématiques à l'interrogatoire
L’Agemetra compte en tout 260 soignants et concerne environ 260 000 salariés de petites entreprises. Une soixantaine de médecins y travaillent. « Dans notre centre d’Ainay, dans le 2e arrondissement de Lyon, nous avons discuté du sujet de l’endométriose et notre équipe a décidé d’être proactive dans la prise en charge des patientes, en intégrant des questions dédiées dans notre interrogatoire », explique-t-il.
L’équipe, qui compte une dizaine de personnes a sélectionné des scores de dépistage mis au point par des confrères gynécologues. « Parmi les questions systématiques, nous avons ajouté celles-ci, afin d’établir une sorte de pré-dépistage. Nous réalisons une évaluation du retentissement de la maladie sur la douleur, la fatigue, une éventuelle dépression, etc. Cela permet ensuite d’orienter les patientes vers un médecin traitant ou un gynécologue, ainsi que vers le réseau expert régional Endaura », poursuit-il.
Améliorer les conditions de travail
Ensuite, les médecins du travail essaient de trouver les meilleures solutions pour améliorer la vie professionnelle de la patiente. « Cela peut passer par un changement de bureau pour être plus proche des toilettes, l’organisation de télétravail lors des jours de règles, une modification des horaires pour que la personne ait moins de temps de transport, ou encore un aménagement matériel avec un bureau ou un siège spécifique adapté à l’anatomie, ou à l’état de la patiente s’il y a eu chirurgie », détaille-t-il.
Les médecins collaborent également avec leurs confrères pour mettre en place les affections de longue durée (ALD) et une éventuelle reconnaissance de travailleuse handicapée (RQTH). « Cela permet ensuite d’équiper plus facilement les patientes en matériel », précise le Dr Campana.
Les médecins du travail ou les ergonomes se rendent systématiquement dans l’entreprise pour faire un état des lieux. « Nous mettons tout en œuvre pour que les conditions de travail de la patiente soient améliorées, dans le respect du secret médical. C’est assez bien pris par les employeurs et de mieux en mieux, car c’est l’objet de communications à l’échelle nationale. À partir du moment où le médecin du travail intervient, cela passe mieux qu’avec des initiatives individuelles », fait-il remarquer.
Un succès qui fait tache d'huile
La filière a été mise en place en octobre et plusieurs dizaines de patientes ont été dépistées et adressées à des gynécologues. L’initiative devrait être étendue progressivement à d’autres centres Agemetra, au vu du succès rencontré. « Les patientes étaient surprises mais surtout très heureuses, car elles sont parfois dans une impasse médicale où elles ont l’impression de ne pas avoir d’interlocuteurs », rapporte le médecin du travail.
Les formes et gravités d’endométriose sont extrêmement variées : il peut y avoir des formes mineures quasi asymptomatiques, comme il peut y avoir des formes très sévères, ce qui rend le diagnostic et la prise en charge très compliqués. « Quand elles voient un médecin du travail qui a la réputation de se contenter d’un coup de stéthoscope et qui en réalité fait un vrai examen clinique et essaie de comprendre le retentissement de leur maladie sur leur vie professionnelle et personnelle, elles sont ravies ! », se félicite-t-il.
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