Formaldéhyde et isothiazolinones, dérivés de la p-phénylènediamine, thiurames, dérivés du chrome… La liste des principaux composés responsables de dermatoses professionnelles est longue et ne cesse d’être modifiée en fonction de l’évolution de la réglementation d’un côté et de l’utilisation de nouvelles substances par les industriels de l’autre.
Le docteur Marie-Noëlle Crepy, dermatologue dans le centre de consultation de pathologies professionnelles de l’hôpital Hôtel-Dieu et dans le service de dermatologie de l’hôpital Cochin à Paris, rappelle qu’il est « établi que les dermatoses font partie des pathologies professionnelles les plus fréquentes dans les nations industrialisées ».
Concrètement, « 70 à 90 % des dermatoses professionnelles sont des dermatites de contact (ou eczéma de contact) avec une incidence entre 11 et 86 cas pour 100 000 travailleurs par an. Le restant se partage entre des urticaires de contact, des infections et des cancers. Les mains sont la principale localisation ». Les dermatites de contact sont classiquement divisées en 3 entités : « Les dermatites de contact d’irritation, les dermatites de contact allergiques (l’allergène est une substance chimique de bas poids moléculaire) et les dermatites de contact aux protéines », poursuit le Dr Crepy. L’agression chimique de la peau par des acides, des bases, des solvants, des détergents ainsi que le travail en milieu humide créent les conditions nécessaires au déclenchement de la sensibilisation.
Apparition incessante de nouvelles substances
Les secteurs auxquels appartiennent les personnels les plus touchés sont ceux de la beauté-esthétique, de l’alimentation, de la construction, du nettoyage, de la santé, de la métallurgie et des industries chimiques de manière large. « Touchant des personnes jeunes souvent au stade de l’apprentissage, les coiffeurs ont l'incidence des dermatoses professionnelle la plus élevée », note par ailleurs le Dr Crepy. L’une des difficultés essentielles réside alors dans l’identification de l’allergène dans le produit fini, d’autant plus que de nouvelles substances chimiques sont régulièrement mises sur le marché. Des analyses chimiques du matériau peuvent dans ces cas aider à l’identification de la substance mais elles ne sont pas de pratique courante.
Selon les procédés de fabrication et les modes, certains allergènes peuvent devenir prépondérants. Le Dr Crepy évoque ainsi « les résines époxy en forte augmentation dans le secteur de la construction, mains aussi les monomères d’acrylates utilisés en onglerie et en esthétique ou encore les biocides qui constituent un groupe majeur responsable d’allergies de contact ». La dermatologue tient également à insister sur l’utilisation croissante des parfums, « qu’on a trop tendance à oublier » et que l’on retrouve dans beaucoup de détergents, affectant ainsi le personnel de nettoyage, le personnel de santé et ceux qui œuvrent dans le secteur de l’alimentaire.
Au final, la prise en charge d’une dermatose professionnelle est complexe : « Elle comprend un bon diagnostic dermatologique, une évaluation de l’exposition professionnelle rigoureuse et détaillée et un bilan allergologique approfondi », explique le Dr Crepy qui ajoute que « la prise en charge doit également inclure la prévention » : en cas d’allergie, il faut effectuer une éviction complète du contact cutané avec l’allergène et la coopération avec le médecin du travail est indispensable afin de mettre en œuvre toutes les mesures possibles de maintien au poste de travail.
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