Onze millions de Français sont soumis à au moins un horaire de travail atypique par mois. Parmi eux, 2,5 millions environ travaillent la nuit. Or, le déficit de sommeil et les modifications de l’horloge biologique favorisent le syndrome métabolique : obésité, diabète de type 2, dyslipidémie, maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle et accident vasculaire cérébral. Pour protéger ces salariés au mode de vie décalé, deux projets primés par le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS) proposent des pistes d’action exemplaires.
Un guide pratique dédié aux entreprises
La première initiative a été lancée par l’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (Ireps) de Nouvelle Aquitaine. Elle a mené une étude auprès de trois entreprises industrielles de la région pour connaître l’impact du travail en horaires décalés des ouvriers sur leurs comportements alimentaires et leur qualité de vie. Les résultats collectés ont permis à l’Ireps d’élaborer un guide (1) d’aide à l’action pour les entreprises, en partenariat avec la direction de la jeunesse et des sports.
« Les salariés qui travaillent en horaires décalés ont une alimentation déséquilibrée et déstructurée. Ils déclarent aussi une pratique d’activité physique très inférieure aux recommandations. Notre guide délivre des conseils aux entreprises pour améliorer cela, ainsi qu’une méthodologie pour développer des actions concrètes », affirme Martine Pellerin, responsable de l’antenne Haute-Vienne de l’Ireps. Le guide détaille de nombreuses pistes, telles que l’amélioration de la qualité des produits proposés dans les distributeurs et les cantines d’entreprises via le recours aux circuits courts, ou encore la mise à disposition d’équipements sportifs dans l’entreprise, et d’ateliers d’éducation nutritionnelle personnalisés, d’actions de dépistage des maladies chroniques. « Notre guide s’adresse à tous types d’entreprise. Il a, par exemple, donné lieu à des interventions auprès de responsables et personnels d’établissements de soins », ajoute-t-elle. L’Ireps propose, en outre, des prestations payantes d’accompagnement en entreprises pour la mise en œuvre de ces préconisations.
Un programme de prévention pour les salariés
L’Institut Pasteur de Lille, quant à lui, a mis en place un programme de prévention nutritionnelle baptisé « Prev’hode » pour les travailleurs en horaires décalés de l’entreprise de médiation sociale Citéo (Nord Pas-de-Calais). « Parmi 300 salariés, nous avons formé 13 volontaires aux bonnes postures à adopter en matière d’alimentation et d’activité physique. Cette formation leur a permis de devenir des ambassadeurs-relais, chargés de sensibiliser les autres salariés de l’entreprise », indique Suzanne Lanckriet, ingénieure, cheffe de ce projet au sein du service nutrition et activité physique de l’Institut Pasteur de Lille. Ils ont aussi participé à la construction d’ateliers, proposés chaque semaine aux salariés pendant 7 mois. « Nous avons mené une étude incluant 136 salariés de Citeo divisés en deux groupes : 86 étaient sensibilisés par les ambassadeurs-relais et les professionnels de l’Institut Pasteur de Lille, 50 autres ne l’étaient pas (groupe témoin) », précise la cheffe du projet.
Deux tiers des salariés participant à l’étude étaient en surpoids ou en situation d’obésité, 40 % présentaient une tension artérielle supérieure à 30/80 mmHg, plus de la moitié avaient une glycémie supérieure à 1 g/l. Et un quart d’en eux ne pratiquaient aucune activité physique. « Les résultats de l’étude ont montré un effet très favorable du programme sur les comportements alimentaires des salariés sensibilisés par les ambassadeurs-relais : augmentation de la consommation de fruits, de légumes et de poissons, plus de temps consacré aux repas… Les résultats n’ont pas été significatifs concernant l’activité physique. Ce programme devrait devenir pérenne au sein de Citéo. Nous souhaiterions aussi qu’il puisse être adapté à d’autres entreprises », confie Suzanne Lanckriet. Un vœu qui pourrait devenir réalité avec l’aide des services de santé, dont la mission est de conseiller les employeurs, les travailleurs et leurs représentants pour éviter toute altération de la santé des travailleurs.
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